Trappe à cyclistes sur de Brébeuf

Des policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) procédaient ce matin à une opération de contrôle des cyclistes sur la piste de Brébeuf, au sud de Mont-Royal.

Deux auto-patrouilles étaient dissimulées dans la ruelle adjacente au magasin Le Vélodidacte, tandis que des policiers interpellaient des cyclistes qui avaient traversé Mont-Royal sans respecter le feu de signalisation au coin de Brébeuf afin de leur remettre des constats d’infraction.
Une pratique qui fait débat
La pratique des « trappes à cyclistes » est dénoncée depuis plusieurs années tant par les usagers du réseau cyclable montréalais que par des chroniqueurs d’opinion ou par des journalistes.
La question a fait l’objet d’un énorme débat médiatique en mai et juin de l’an dernier, forçant le SPVM à justifier sa stratégie sur la place publique. Les organismes cyclistes ont répliqué que l’application stricte du Code de la route, qui fait actuellement l’objet d’une révision, est contre-productive en matière de sécurité, puisque ce code est inadapté à la pratique du cyclisme.
La présidente-directrice générale de Vélo Québec, Suzanne Lareau, dénonce par exemple certaines « aberrations du Code de la sécurité routière », dont le fait que les cyclistes cumulent des points d’inaptitudes sur leur permis de conduire automobile pour leurs infractions au Code de la route, même si aucun permis n’est obligatoire pour conduire un vélo.
« Quand je juge que ma sécurité est correcte, des fois, je traverse sur la rouge », confie un cycliste interrogé par Pamplemousse.ca qui a requis l’anonymat. Il estime que de nombreux autres cyclistes se comportent de la même façon, malgré le risque de recevoir des contraventions.
« Inciter les gens à être prudent, c’est une bonne chose », ajoute le citoyen tout en déplorant qu’une « consigne de donner de tickets aux vélos » incite les agents du SPVM à pratiquer une forme de « répression contre les cyclistes ».
Cibler les comportements dangereux
Il faut faire « attention à l’expression “trappe à cyclistes” », nuance la PDG de Vélo Québec qui considère qu’une intervention à une intersection où il y a un feu de circulation peut être justifiée. Elle note cependant qu’il y a des intersections beaucoup plus problématiques que celle où l’opération policière se déroulait ce matin, comme par exemple à l’angle Papineau/Mont-Royal ou Saint-Denis/Mont-Royal.
Suzanne Lareau invite les policiers à « se concentrer sur les comportements dangereux » et se prononce en faveur d’une hiérarchisation des actes selon leur dangerosité.
La PDG de Vélo Québec estime par ailleurs qu’il est plus judicieux de réaliser « une intervention policière qui s’applique à tous les usagers de la route » que de cibler spécifiquement les cyclistes comme c’était le cas ce matin.
Des contraventions inutiles
S’il est compréhensible que les policiers donnent des contraventions pour les violations parfois dangereuses du code de la sécurité routière par des cyclistes, les policiers donnent parfois des amendes inutiles à certains cyclistes, par exemple pour l’absence de réflecteur, même en plein jour, ou encore pour l’absence de frein sur la roue arrière des vélos à pignon fixe (communément appelés fixies).
Or, il existe déjà un mécanisme de freinage intégré au système du pignon, comme le fait remarquer une mécanicienne de chez Bikurious, un atelier de vélo spécialisé dans les fixies. La mécanicienne explique que le frein arrière ne représente de toute façon pas plus de 20 % de la capacité de freinage d’une bicyclette.
Nous avons demandé au SPVM de commenter l’opération de ce matin, mais nous n’avions toujours pas eu de réponse au moment de publier ce texte.
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