Le Mouvement citoyen pour la préservation du Jardin Notman poursuit sa mobilisation pour sauvegarder un joyau de patrimoine arboricole à Montréal.
Voilà plus de 15 ans que Tony Antakly se bat contre les projets de développement immobiliers qui menacent le dernier jardin préservé de l’ancien quartier du Golden Square Mile et de ses riches villas bourgeoises. Le rassemblement organisé samedi (8 juillet) n’est que la dernière action en date d’une longue série de mobilisations citoyennes qui ont permis de freiner divers projets immobiliers au fil des ans.
Corriger le problème du zonage
Bien qu’il soit situé dans à l’intérieur de l’aire de protection patrimoniale de la Maison William-Notman, créé par le gouvernement du Québec en 1984, le jardin est situé sur un lot distinct de la maison et de l’hospice Saint-Margaret qui est zoné construisible. « Le zonage, c’est ça le cœur du problème », explique Tony Antakly qui déplore qu’une division « fictive » du terrain ouvre la porte au développement immobilier.
Si « l’arrondissement n’a pas le poids politique » pour convaincre le ministère de la Culture de classer le jardin comme bien patrimonial protégé, il a le pouvoir de corriger « une erreur administrative » en procédant à un changement de zonage, estime le militant.
Un patrimoine naturel à protéger
Aux yeux experts du naturaliste Roger Latour, la petite forêt urbaine située à l’angle des rues Milton et Clark a une valeur écologique, historique et paysagère « incomparable ».
Il ajoute que les seuls « services environnementaux » rendus par le Jardin Notman, de la filtration des eaux de ruissellement à la captation du carbone, en passant par la réduction des ilots de chaleur et la purification de l’air, devraient lui valoir un statut protégé. « Je ne sais pas dans combien de villes au monde ça aurait attendu aussi longtemps! », s’emporte le spécialiste de la flore urbaine, qui est par ailleurs l’un des instigateurs du projet de conservation du Champ des possibles dans le Mile-End.
Roger Latour insiste sur l’importance « d’élargir la notion de patrimoine architectural » pour inclure le patrimoine naturel d’un site comme le Jardin Notman qui représente l’un des derniers vestiges du patrimoine arboricole montréalais du 19e siècle.
Un projet de conservation en cours d’élaboration
Soucieux autant d’empêcher la destruction de ce témoin du passé qu’à assurer sa mise en valeur pour le futur, le Mouvement citoyen pour la préservation du Jardin Notman étudie actuellement divers scénarios.
« On essaie de trouver un projet qui soit soutenable », explique Tony Antakly qui dit avoir obtenu des engagements de plusieurs fondations et de citoyens qui sont prêts à financer en partie l’acquisition du terrain. L’arrondissement du Plateau-Mont-Royal s’est également engagé à contribuer à une éventuelle acquisition du terrain, en collaboration avec la Ville de Montréal.
Sans s’avancer sur les montants en jeu d’un éventuel montage financier, Tony Antakly met en doute le montant de 10 millions de dollars avancé par le maire d’arrondissement lors du conseil de la semaine dernière. « Ce n’est pas un vrai chiffre, se méfie le militant. On ne sait pas d’où ça vient. »
La forme du projet reste à définir, mais il pourrait passer par une cogestion similaire à celle mise en oeuvre dans le Champ des possibles ou encore par la cession du terrain à un organisme à but non lucratif sous forme de bail emphytéotique.
À lire prochainement : Le Jardin Notman, un oasis au coeur d’une éventuelle trame verte?