La Saint-Jean : d'une controverse à l'autre

Entre un sabotage allégué et des accusations de racisme, l’édition 2017 de la Saint-Jean aura été celle de toutes les controverses.

Après avoir accusé l’administration locale de saboter les célébrations de la Fête nationale sur le Plateau, les organisateurs de la Fête nationale à Montréal se sont retrouvés sur la défensive après la diffusion d’un vidéo viral du défilé de la Saint-Jean sur la rue Saint-Denis.
Mise en scène (ratée?) de la diversité
La vidéo qui montre quatre jeunes (noirs) poussant laborieusement le char allégorique sur lequel était juchée la chanteuse (blanche) Annie Villeneuve a suscité un vif tollé et a relancé le débat sur le racisme systémique au Québec.
Quelque soit l’intention, cette mise en scène contribuait à reproduire des représentations racistes, estime Diversité artistique Montréal (DAM). « Ça nous saute aux yeux. C’est quelque chose qu’on ne peut laisser passer », s’indigne le directeur de l’organisme qui travaille à la promotion de la diversité artistique depuis dix ans, Jérôme Pruneau.
Passer des excuses aux actes
En réaction au tollé, Maxime Laporte, président du Comité organisateur de la Fête nationale à Montréal et de la Société Saint-Jean Baptiste (SSJB), a affirmé que tous les efforts avaient pourtant été faits pour assurer une représentation de la « diversité québécoise » dans le défilé.
Cette explication est loin de calmer le scandale qui a fait jusqu’aux manchettes internationales de la BBC.
Dans une lettre publiée mardi dans La Presse+ l’artiste et entrepreneur social Ricardo Lamour souligne que « rares sont les occasions où on donne une pleine latitude aux personnes racisées pour qu’elles déterminent de quelle façon elles veulent participer ou être représentées ».
Les excuses des organisateurs de la Fête nationale, qui évoquent un « triste concours de circonstances » et se défendent d’avoir eu « l’intention de créer une image raciste », ont remis de l’huile sur le feu.
« Très vite, les organisateurs se sont dégagés de toute responsabilité et ont cherché à donner tort aux milliers de personnes sur les réseaux sociaux qui voyaient, comme moi, dans ces images un rappel de l’esclavage et de la colonisation », déplore pour sa part la présidente de Québec inclusif et instigatrice de la Coalition pour l’égalité et contre le racisme systémique, Émilie Nicolas, dans une lettre d’opinion parue mercredi dans Le Devoir.
Afin d’éviter la reproduction de ce genre de « malheureux événements », Jérôme Pruneau plaide pour « la diversification dans les lieux de décision ». Pour le directeur de DAM, la seule façon de ne pas perpétuer le racisme systémique qui « s’inscrit insidieusement » dans les manifestations culturelles comme la Saint-Jean, il est essentiel d’avoir « une diversité des points de vue en amont ».
Des associations troubles
Ce n’est pas la première fois que la SSJB doit se défendre d’accusation de racisme par association. Au printemps dernier, le président de la SSJB avait rencontré un militant du Front national, le parti de l’extrême droite française, en compagnie d’Alexandre Cormier-Denis, l’un des ténors de la droite identitaire québécoise.
Dans un vocabulaire similaire à celui utilisé pour faire le point sur le défilé, la mise au point de la SSJB à l’époque assurait que l’organisation ferait « preuve de plus de vigilance à l’avenir » et regrettait « avoir pu générer quelque confusion que ce soit quant à [son] positionnement » politique.
 
La SSJB a décliné notre demande d’entrevue.

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