Graffitis haineux : un phénomène marginal, mais réel

La cartographie des graffitis haineux réalisée par un résident du Plateau met au jour un phénomène marginal dont il ne faut cependant pas minimiser l’impact.

« Le phénomène n’est pas nouveau », indique la commandante Caroline Cournoyer qui rappelle que des mosquées et des synagogues montréalaises ont été ciblées à plusieurs reprises par des actes de vandalisme haineux dans les dernières années. La policière qui travaille depuis un an au module des crimes haineux du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) affirme cependant qu’on ne peut pas, pour l’instant, parler d’une hausse significative du nombre d’incidents ou de crimes haineux à Montréal.
Les crimes haineux en croissance
La commandante Cournoyer note toutefois que le nombre de crimes haineux traités par le SPVM augmente année après année. Selon les chiffres cités par la policière, le nombre de crimes haineux ayant fait l’objet d’enquêtes du SPVM est passé de 81 en 2013 à 137 en 2016. Dans la première moitié de 2017, 120 crimes haineux avaient déjà fait l’objet d’un signalement à la police.
Bien qu’elle reconnaisse que les « événements à l’international ont une influence » sur l’évolution du taux de crime haineux, la policière hésite à attribuer directement la hausse observée à la montée des mouvements d’extrême droite ouvertement xénophobe.
La définition du crime haineux du SPVM englobe toute « infraction criminelle motivée ou soupçonnée d’être motivée par la haine de la race, l’origine nationale ou ethnique, la langue, la couleur, la religion, le sexe, l’âge, l’incapacité mentale ou physique, l’orientation sexuelle ou tout autre facteur similaire », ce qui inclut notamment les graffitis à caractère raciste ou ceux ciblant des communautés religieuses.
Les données colligées par le SPVM indiquent que les crimes racistes ou ciblant les minorités religieuses représentent en moyenne 80 % de l’ensemble des crimes haineux rapportés à Montréal. Celles-ci ne sont cependant pas ventilées par arrondissement.
Relativiser sans banaliser
Malgré les limites de cette méthode, la cartographie des signalements de graffitis haineux au 311 réalisée par Richard Phaneuf, résident du secteur Milton-Parc, demeure donc la seule façon de mesurer l’ampleur du phénomène sur le Plateau. « Il y a eu 8 requêtes pour graffitis haineux en 2014, 8 en 2015, 4 en 2016 et 7 depuis mai, sur une population de 104 00 habitants, il faut relativiser, on ne croule pas sous les requêtes de graffitis haineux », commente Catherine Piazzon, chargée de communication  à l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Elle ajoute que l’agente de protection de l’environnement qui traite les demandes d’enlèvement de graffitis provenant des résidents du Plateau ou du SPVM « n’utilise pas de catégorisation entre graffitis et graffitis haineux ».
« C’est important de dénoncer », insiste la commandante Cournoyer qui précise que le SPVM n’est pas informé des graffitis signalés au 311 et qu’il est donc important de les signaler directement à la police. « Idéalement, il faut faire les deux », explique la policière qui précise que le SPVM fait enquête sur chaque graffiti haineux signalé et que le Module des crimes haineux est en mesure de « faire des recoupements » qui peuvent permettre d’identifier les responsables.
« Un graffiti haineux, c’est criminel, rappelle la policière qui souligne qu’« un seul graffiti haineux peut avoir un impact sur la communauté ».

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