Éviction imminente d'une septuagénaire

Une locataire septuagénaire est sommée de quitter le logement qu’elle occupe depuis près de 15 ans d’ici la fin du mois.

Dans une décision rendue le 30 juillet, la Régie du logement du Québec autorise l’éviction de Liliane Dufour, 76 ans, qui habite avec son fils au 4285, de la Roche.
Le propriétaire de l’immeuble avait transmis, le 22 décembre 2014, un avis d’éviction à la locataire. Contrairement aux cinq autres ménages qui occupaient des logements dans cet immeuble, Liliane Dufour a porté la cause devant la régie du logement le 20 janvier 2015.
La cause « a trainé en longueur », déplore Vicky Langevin, organisatrice communautaire au Comité logement du Plateau-Mont-Royal (CLPMR) dont Liliane Dufour est une militante active.
La première audience n’a en effet eu lieu que le 19 mars 2015, mais la cause a été reportée, car la demande de permis pour les travaux n’avait pas encore été faite par le propriétaire, selon Vicky Langevin. Une seconde audience a eu lieu le 30 avril et il s’est ensuite écoulé trois mois avant que la régie ne rende sa décision, même si le permis n’a toujours pas été délivré.
« Le permis est encore à l’étude », confirme Catherine Piazzon, chargée de communication à l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal qui n’est pas en mesure de dire quand, ou même si, il sera accordé. « Il y a beaucoup de règles à suivre, ce n’est pas automatique d’obtenir un permis », ajoute-t-elle.
Un avis de dernière minute
Liliane Dufour a reçu le 8 août une lettre lui annonçant la décision de la régie d’autoriser l’éviction pour le premier septembre, ce qui lui laissait à peine trois semaines pour déménager.
« Se reloger dans le Plateau-Mont-Royal, ce n’est pas évident », en particulier pour les personnes à revenus modestes, souligne toutefois Vicky Langevin qui rappelle à quel point le Plateau est en proie à un processus de gentrification accélérée. « Je n’ai pas encore trouvé de logis », confirme Liliane Dufour qui est aujourd’hui retraitée. « Je vais peut-être me retrouver à la rue. »
« On me dit d’aller contester », explique la locataire qui dit avoir reçu l’appui du conseiller de ville responsable des dossiers de logement, Richard Ryan, du maire d’arrondissement, Luc Ferrandez, ainsi que du député de Mercier, Amir Kadhir. Avec l’aide de son avocate, Marie-Pier Durand, du cabinet Narang & associés, la locataire entend porter la décision de la régie en appel dès la semaine prochaine.
Une cause parmi de nombreuses autres
« Les évictions ou les reprises de logement, c’est monnaie courante », note Vicky Langevin, qui estime que ce genre de causes représente environ 20 % du total des dossiers qui sont portés à l’attention du comité logement chaque année. « On est nombreux à avoir le même problème », déplore Liliane Dufour qui estime que la régie « penche du côté de l’argent », plutôt que de celui des locataires.
Les propriétaires invoquent souvent des motifs de reprise ou d’éviction autorisés par la régie, comme des travaux d’agrandissement, pour évincer des locataires de longue date et contourner les mécanismes de contrôle des loyers, affirme Vicky Langevin. Dans ce cas-ci, le propriétaire a mis en location sur Airbnb un des logements d’où des locataires avaient été évincés.
Le CLPMR organise une action de soutien à Liliane Dufour le 25 août prochain devant les bureaux de la Régie du logement. Il s’agit là de l’une des premières actions de la rentrée qui seront discutées dans le cadre d’un 5 à 7 de fin dété ce mercredi (19 août) au 4450, rue Saint-Hubert.
Pierre-André Roy, président des compagnies 9299-1090 Québec inc. et 9217-0612 Québec Inc., qui sont devenues copropriétaires de l’immeuble en mai 2014, n’a pas retourné notre demande d’entrevue.

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