Le cœur gros comme une peine d’amour propre
lourd comme le verrou d’une porte barrée
Le cœur serré comme une corde de pendu
froid comme un lit d’hôpital défait
Le cœur en morceaux comme un casse-tête épars
mêlé comme les lignes d’un cerf-volant échoué
La vie utile comme une salle d’attente vide
nécessaire comme un boyau d’incendie éteint
La vie ingrate comme un barreau de chaise électrique
pénible comme le souffle d’un sanglot ravalé
La vie beige comme un mur de gypse bien poli
lisse comme un plancher ciré à chaude larme
La tête pleine comme un panier de crabes
perdue comme un chien détaché dans l’espace
La tête ailleurs comme un père absent
prise comme un collage de bois dans un étau
La tête baissée comme un drapeau en berne
courbée comme le o sans issue d’un panneau sortie
Le corps en manque comme un toxicomane
tendu comme l’arc d’un chasseur à l’affut
Le corps sensible comme un si sur un do
présent comme une horloge de clinique psychiatrique
Le corps éveillé comme un sixième sens
aiguisé comme une lame déferlant sur la côte
Ce texte est extrait de mon projet de recueil Odyssée ordinaire qui a été soumis pour publication au début de l’année. Je le publie ici pour clôturer une série de textes publiés dans le cadre du Mois national de la poésie.