Après une première exploration d’une technique de reversement de prose détaillée par Catrine Godin l’automne dernier dans la revue Possibles, je récidive l’expérience avec mon récent poème du dimanche.
Après avoir ramené le poème original en vers à un texte de prose, j’obtiens ceci :
Aucun éclair de génie pour fendre le ciel de ce dimanche sombre de poésie à écrire ne reste que la folie invitante d’une scène ouverte comme les coeurs sinistrés aux idées qui vont ou viennent sans autre ordre ni direction que le hasard qui passe entre les vers dans une arène où les filets se tissent sur des métiers sans avenir soudain émergent les vocations qui ne se cherchent pas les sens dont on hérite nos erreurs réparées dans nos décombres propices à des réinventions qui n’attendent plus des heures perdues dans les failles silencieuses où la grandiloquence des canons est vaine plus de questions que les réponses ne trouvent pleurent les enfants perdus de l’amour nos cimetières catastrophes en jachère donnent à naitre des possibles sans issue claire et ravivent les rêves qu’on oublie parfois au détour de nos hésitations certaines rien ne sert de savoir les vérités ignorantes pourquoi ne pas cueillir les victoires qui sommeillent par-delà nos spectacles achevés
Après un renversement vertical, le poème se transforme radicalement :
Des spectacles aboutis reposent
derrière les triomphes à faucher
où des vérités s’ignorent
se sachant inutiles
Nos inconstances détournées
oublient de faire renaître les utopies
alors que les culs-de-sac accouchent
de possibles terribles
Dans les columbariums en friche
erre la compassion
quand un pleur d’enfant sans réponse
questionne encore la vanité
de la grande gueule des canonniers
lézardant le silence
À temps égaré
en désespoir de cause
réinventons
des débris favorables
des fautes remédiables
l’essence d’un héritage
déjà trouvé
Dans l’éruption de vocations no futur
les ouvrages décousus défilent sur le ring
s’enchevêtrent verbalement
Au hasard de passage
le désordre s’autogère
aller-retour de la tête au cœur
Écorché béant le décor
demeure une folle invitation
à poétiser l’informe
dominicale noirceur
d’un ciel soudé
sans fulguration sublime
Puis, après un renversement horizontal, le poème se ré-articule encore une fois :
En l’absence d’un génie
foudroyant le ciel fendu
d’un ténébreux jour du Seigneur
à consigner dans un poème
la folie s’invite en reste
Ouvre la scène
aux désastres à cœur réfléchi
Revenant sur la ligne de départ
tous les sens en chaos
nos survenances hasardeuses
en vers traversent le cirque
qui se contient amarré
aux chaluts travaillants
et les hauteurs n’espèrent
aucune postérité
Nos inclinations manifestes
ne cherchent ni legs ni finalité
rapiècent les écarts
conviennent des vestiges
qu’on réimagine sans attente
égarés dans les heures
dans le silence brisé
de nos boulets déclamatoires
Entre les dérisoires questions superflues
et les saisissantes réponses d’enfants en larmes
l’amour se perd dans les charniers d’une jungle affligeante
De réalisables naissances brillent
dans l’impasse de fantasmes tangibles
occasionnés par nos négligences
On zigzague persuadé
de notre ambiguïté confiante
dans l’oisiveté de connaissances superflues
Improductifs de vérité
victorieusement nous irons récolter
de l’autre côté du sommeil
des achèvements spectaculaires
Dans cette seconde exploration, en plus de renverser les poème verticalement et latéralement, je me suis appliqué à transformer plus profondément le texte à chaque fois en cherchant à m’éloigner de l’original en prose en substituant dans chaque nouveau vers le plus de mots possible tout en puisant dans le même champ lexical. À l’inverse, dans mon précédent exercice de prose renversée, j’avais cherché à rester littéralement le plus projet possible du poème d’origine.