Perspectives insulaires sur l’adaptation climatique

C’est avec enthousiasme que je peux maintenant annoncer que mon projet de reportage sur l’adaptation aux changements climatiques aux Îles-de-la-Madeleine a été retenu dans le cadre du premier appel 2024 des bourses d’excellence de l’AJIQ!

Mise en contexte

L’imposition d’une redevance (qui sera finalement optionnelle cette année) de 30 $ par visiteur durant la saison touristique aux Îles-de-la-Madeleine a fait les manchettes jusque dans les médias nationaux. Peu de gens en dehors de l’archipel ont cependant entendu le cri du cœur lancé par des Madelinots qui souhaitent sauver le site de la Pointe de Grande-Entrée, où le gouvernement du Québec a ordonné l’an dernier la démolition de bâtiments faisant face à un danger imminent de submersion côtière.

Le secteur, qui abrite le principal port de pêche des Îles-de-la-Madeleine ainsi que des immeubles patrimoniaux et des attraits touristiques, a été frappé de plein fouet par la tempête post-tropicale Fiona en 2021. Cette violente tempête a fait reculer les côtes de plus 20 mètres d’un seul coup à certains endroits, en plus d’arracher une partie du toit de l’église de La Vernière, un monument historique classé datant de 1876. À peine deux ans plus tôt, l’ouragan Dorian avait entraîné des pannes d’électricité massives, forcé la fermeture de la route principale et causé plus de 300 000 $ de dommages matériels en déversant des trombes d’eau et en soufflant des vents de plus de 120 km/h sur l’archipel.

Destination touristique prisée au cœur du golfe du Saint-Laurent durant la saison estivale, les Îles-de-la-Madeleine se trouvent en première ligne des bouleversements du climat en cours dans l’Est-du-Québec et le Canada Atlantique.

L’archipel, relié au continent par deux câbles sous-marins de fibre optique, est alimenté en électricité par une centrale thermique (la plus importante centrale au diesel d’Hydro-Québec) et demeure largement tributaire d’approvisionnements par la mer ou par les airs. De ce fait, tant les infrastructures civiles, les principales activités économiques que les pratiques culturelles séculaires (pensons à la chasse au phoque, par exemple) sont soumises à d’énormes pressions environnementales en raison des changements climatiques.

Cette région isolée, qui a longtemps fonctionné en quasi-autarcie, représente aujourd’hui un laboratoire unique de résilience et d’adaptation face aux dérèglements du climat dont on gagnerait à s’inspirer sur le continent.

Description du projet de reportage

En donnant la parole aux intervenants des principales industries de l’archipel ainsi qu’aux entités publiques ou privées concernées (municipalité, ministères provinciaux et fédéraux, Hydro-Québec, mine Seleine, etc.), le reportage cherchera à mettre en lumière la complexité d’une transition socioécologique dans un territoire dont l’économie repose principalement sur des industries extractives comme la pêche commerciale, le tourisme de masse et l’extraction minière.

De plus, mettant en vedette les acteurs locaux engagés dans diverses initiatives de mise en valeur et de protection du patrimoine naturel et humain des îles, ce reportage axé sur les solutions vise à documenter les enjeux et les défis de préservation des zones écologiques sensibles et des milieux habités menacés par l’érosion accélérée et les risques de submersion côtière qui s’ensuivent.

En s’intéressant tant à des projets menés par des organismes qu’à certaines initiatives privées, le reportage illustrera ainsi les perspectives de développement durable en contexte insulaire, notamment en matière de sécurité énergétique, d’autonomie alimentaire, d’économie circulaire, d’écotourisme, etc.

Qu’il s’agisse des actions menées par Attention FragÎles, reconnu l’an dernier comme Conseil régional de l’environnement (CRE), des activités de la Société de conservation des Îles-de-la-Madeleine (SCIM), des travaux le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM), du Comité ZIP des Îles-de-la-Madeleine, des services de Ré-Utîles, les exemples ne manquent pas.

Les différents aspects de ce grand reportage feront l’objet de publications dans différentes médias, dont l’hebdomadaire local Le Radar, le journal Web Pivot, le média de l’action climatique Unpointcinq et le magazine Nouveau Projet. À ce volet écrit, s’ajoutera une dimension sonore dont la diffusion sera assurée par CFIM, la radio communautaire des Îles-de-la-Madeleine.

En plus d’un travail de recherche préparatoire cet été — qui consistera principalement à cibler des projets précis à documenter et à coordonner la logistique des entrevues et visites sur place —, un travail de terrain sur un mois sera réalisé à l’automne 2024. L’écriture des textes et la production des segments radiophoniques se fera ensuite depuis Montréal en vue d’une publication/diffusion d’ici le début 2025.