Alors que le dossier des passages à niveau est au point mort, les arrondissements du Plateau et de Rosemont tentent de relancer les démarches.
« On essaie de rendre ça plus politique », explique le conseiller de ville pour le district du Mile-End, Richard Ryan. « On ne croit pas à la solution administrative », ajoute-t-il en référence aux tentatives de médiation entre la Ville de Montréal et le Canadien Pacifique.
L’échec de la médiation
Alors que le CP refuse depuis des années de construire des passages à niveau, la Ville a tenté à deux reprises de faire intervenir un médiateur dans le dossier en 2014 et 2015. La première tentative de médiation faisait suite au décès de la cycliste Mathilde Blais, happée par un camion en empruntant le viaduc Saint-Denis pour traverser la voie ferrée. L’an dernier, une seconde tentative concernant le passage entre Parc-Extension et Villeray s’était soldée par un nouvel échec.
Dans un mémoire présenté la semaine dernière au Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités à Ottawa, les maires d’arrondissement du Plateau et de Rosemont dénoncent « le refus obstiné du [CP] de prêter la moindre écoute à la volonté de nos administrations et à la volonté virtuellement unanime de nos concitoyens » et appellent le gouvernement fédéral à intervenir sans plus attendre.
Sécurité : l’argument qui ne tient pas les rails
Le mémoire rappelle que selon une étude menée par la Ville de Montréal en 2012, plus de 350 piétons ou cyclistes franchissent chaque jour les voies sur une portion de voie ferrée de 350 mètres située entre le métro Rosemont et le pôle d’emploi du secteur Saint-Viateur Est.
Réfutant les arguments de sécurité avancés par le CP depuis de nombreuses années, le mémoire souligne qu’aucun incident majeur n’a été rapporté sur le passage à niveau aménagé entre le parc Jarry et Parc-Extension en 1999, et ce même si la fréquence et la vitesse de passage des trains sur cet axe sont largement supérieures à celle observée sur la voie qui sépare Rosemont du Plateau.
Une rencontre des élus locaux avec le nouveau ministre des Transports, Marc Garneau, prévue en janvier dernier avait été reportée sine die. Or, sans une intervention politique ferme de la part d’Ottawa, « le CP va faire la sourde oreille » aussi longtemps qu’il le pourra, prévient Richard Ryan. « Le ministre ne peut pas faire la sourde oreille », analyse-t-il en soulignant que Marc Garneau est le premier député montréalais à assumer la charge du ministère fédéral des Transports depuis Jean Lapierre.