La Coalition sauvons l’Hôtel-Dieu a tenu vendredi un rassemblement pour la sauvegarde de l’institution hospitalière, vieille de près de 375 ans et située sur le site patrimonial du Mont-Royal.
« L’Hôtel-Dieu est à nous, on le garde », scande Charles Ste-Marie du Syndicat des employé(e)s du CHUM debout au pied de la statue de Jeanne Mance, cofondatrice de Montréal et fondatrice de l’hôpital patrimonial.
Tour à tour, des porte-paroles de divers groupes membres de la coalition ont pris la parole pour réitérer leur volonté commune de maintenir la vocation de l’Hôtel Dieu et de conserver cette institution patrimoniale dans le domaine public.
Les sites comme celui de l’Hôtel-Dieu et de l’Institut thoracique de Montréal « sont des biens communs, des biens publics dont il faut maintenir une vocation publique, communautaire et institutionnelle », résume Fulvia Spadari, coordonnatrice de la Corporation de développement communautaire – Action solidarité Grand Plateau.
Préserver l’héritage de Jeanne Mance
« L’Hôtel Dieu dessert au moins quatre quartiers » en plus d’avoir des laboratoires à « vocation supra-régionale qu’on doit préserver », souligne Dominique Daingeaut, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain de la CSN, qui appelle à sauvegarder l’héritage de Jeanne Mance pour les générations futures.
Lucia Kowaluk, militante au sein de la coalition communautaire Milton-Parc pour l’accès au logement et à la santé, considère que le fait de déplacer tous les services de santé vers le site du CHUM au centre-ville témoigne d’une « très mauvaise planification urbaine » qui prive la population du Plateau d’accès à un hôpital de proximité.
En lieu et place de la vente au privé, envisagée par le gouvernement provincial pour financer la construction du nouveau CHUM, la coalition propose de maintenir la vocation médicale de l’Hôtel-Dieu et d’y ajouter un volet social.
En plus de conserver les cliniques, laboratoires et salles d’opération, rénovés à grands frais dans les dernières années, la coalition souhaite créer un Centre de soins hospitalier de longue durée public sur le site. Elle propose également de mettre les bâtiments non utilisés pour les soins de santé au service de la collectivité en y aménageant des espaces pour les activités communautaires et culturelles, mais aussi des logements communautaires et sociaux.
Une solution à la crise du logement?
Carole Boucher, coordonnatrice du Comité logement du Plateau Mont-Royal (CLPMR), rappelle que plus 6500 ménages du Plateau consacrent au-delà de 80 % de leurs revenus à leur loyer et que le taux d’inoccupation pour les grands logements est de 0 %, ce qui fait qu’il est très difficile pour les familles de se loger. Outre les familles, ce sont les femmes qui sont les plus fortement touchées par les problèmes de pauvreté et de logement contre lesquels le CLPMR se bat depuis 40 ans.
« Une des solutions, c’est celle de l’Hôtel-Dieu », affirme Carole Boucher. « Imaginez les stationnements au nord de l’hôpital qui deviendraient des coopératives pour les familles! », poursuit-elle.
« Il y a un grand besoin pour le logement », confirme Jeannine Bourget, qui habite sur l’avenue Mont-Royal et milite pour le logement social. « On ne voudrait pas que ce soit vendu pour autre chose », ajoute-t-elle. Lucia Kowaluk, qui habite la coopérative Milton-Parc, renchérit en soulignant le potentiel qu’aurait un complexe de logement social et communautaire, par exemple pour les personnes âgées à faibles revenus.
La proposition citoyenne pour la préservation de l’Hôtel-Dieu a jusqu’ici reçu une fin de non-recevoir de la part des autorités publiques, décidées à vendre, mais la coalition maintient qu’il s’agit d’un « projet complet, réaliste et surtout nécessaire ».