Lors d’une rencontre avec Québec aujourd’hui, les six centres d’éducation populaire de Montréal ont été mis au pied du mur.
Le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche leur donne jusqu’au 1er novembre pour déposer un plan d’affaires faute de quoi leur bail avec la Commission scolaire de Montréal (CSDM), récemment prolongé, ne sera pas renouvelé.
« La menace pour la fermeture des centres est plus sérieuse que jamais », s’inquiète le directeur des Ateliers d’éducation populaire du Plateau (AEPP), Benoit Lord.
« Il faut absolument un plan d’urgence », convient le directeur de l’AEPP, dont le centre devra à compter de l’an prochain assumer des dépenses de plus de 85 000 $ par année en chauffage, électricité et en entretien courant. Pendant près de 45 ans, ces frais ont été assumés par la CSDM, propriétaire du bâtiment, mais en raison des compressions budgétaires imposées depuis 2013, les AEPP ainsi que cinq autres centres sont menacés d’éviction.
Le gouvernement accepte d’assumer ces frais pour un an supplémentaire, mais il s’attend à ce que les AEPP trouvent dès l’an prochain cette somme dans le secteur privé, auprès de fondations ou de mécènes, afin d’assurer sa rentabilité.
Or, les AEPP sont déjà financés à hauteur de 115 000 $ par année par Centraide et génèrent des revenus autonomes de près de 85 000 $, sans compter près de 10 000 heures de bénévolat dont la valeur est estimée à plus de 100 000 $. « Il ne faut pas trahir notre mission », soutient Benoit Lord qui s’insurge face à la logique de rentabilité empruntée au monde de la finance et des affaires.
« La pensée néolibérale peut tuer le communautaire », prévient Benoit Lord qui déplore que le gouvernement ne donne pas plus de marge de manoeuvre aux centres pour assurer leur survie.
« Nous avons fait nos preuves depuis plus de 40 ans de la viabilité, de la capacité d’autofinancement, de la pertinence et surtout de la rentabilité sociale de nos organismes », affirme le directeur qui rappelle que son organisme se consacre à l’amélioration des conditions de vie de la population du Plateau Mont-Royal en donnant aux citoyens, en particulier les plus démunis, les moyens de se prendre en charge et d’agir sur leur environnement. « Comment mettre un chiffre sur cette rentabilité sociale? », interroge le directeur.
Les AEPP s’apprêtent d’ailleurs à lancer un appel à l’aide vidéo qui interpellera notamment le maire Coderre dont le Sommet Vivre ensemble s’est conclu sur une déclaration qui consacre la responsabilité des villes et des métropoles « en matière de gestion de la diversité, de l’égalité, et de l’inclusion économique et sociale ».