Un musicien et réalisateur indépendant établi sur le Plateau propose de révolutionner le modèle de distribution de la musique en ligne en sortant les fans de leur rôle passif.
Actif depuis 25 ans comme accompagnateur, directeur musical, arrangeur et réalisateur, Manu Pitois a observé le déclin de l’industrie musicale et, en particulier, du marché du disque, dont les revenus ont fondu de 65 % entre 1999 et 2014, selon les données de l’International Federation of the Phonographic Industry (IFPI).
Transformer les fans en distributeurs
Entre les coûts de production, qui incluent les cachets des artistes et toutes les étapes de la réalisation des enregistrements sonores, et les revenus de distribution, « il y a un écart considérable », note Manu Pitois.
Cet écart, déjà important dans du disque l’industrie traditionnelle, s’accentue avec les nouveaux services d’écoute sur Internet, et ce, toujours au détriment des artistes qui ne perçoivent qu’entre 0,004 $ et 0,0001 $ par écoute sur la populaire plateforme Spotify.
« Il n’y a plus un seul artiste qui peut survivre dans ces conditions », s’inquiète Manu Pitois, qui travaille à la mise sur pied de la plateforme FE3DBACK, dont l’objectif est de renverser cette tendance en transformant les fans de musique en distributeurs pour les artistes.
Un nouveau modèle
Alors que dans le modèle traditionnel de l’industrie du disque à peine 10 % des revenus reviennent à l’artiste ou aux ayants droit, FE3DBACK permettrait de remettre 50 % des revenus directement aux artistes et aux producteurs.
Qui plus est, les fans toucheraient une commission de 30 % sur les ventes des artistes qu’ils distribuent. « C’est une première », souligne Manu Pitois qui explique que les fans seraient ainsi payés pour distribuer la musique qu’ils aiment.
Trop beau pour être vrai?
FE3DBACK « veut être un outil, pas un parasite », résume Manu Pitois en ajoutant que cette « innovation de rupture » vise à enrayer la mécanique de l’industrie qui ne profite ni aux artistes ni aux fans.
La proposition séduit tant par sa simplicité que par son caractère révolutionnaire, mais elle pourrait se buter à la résistance au changement de l’industrie où les artistes doivent souvent signer des contrats d’exclusivité avec des maisons d’édition pour produire et distribuer leurs disques.
N’empêche que la campagne de sociofinancement lancée la semaine dernière sur Kickstarter commence à prendre de l’élan. L’objectif de 250 000 $ pour cette première ronde de financement doit permettre de développer la plateforme et d’assurer la première année de démarrage de l’entreprise.