Clément Ouimet, un jeune cycliste de 18 ans qui s’entraînait sur la voie Camillien Houde, est décédé après avoir été heurté par un automobiliste mercredi.
Survenu moins d’un mois après qu’une cycliste de 61 ans ait été happée mortellement à l’angle de l’avenue du Parc et des Pins, ce nouveau décès a secoué la communauté cycliste montréalaise.
Les cyclistes sous le choc
« Ça nous désole, ça nous dévaste », lance d’entrée de jeu la conseillère d’arrondissement du district De Lorimier et porte-parole de Projet Montréal en matière de vélo, Marianne Giguère, faisant écho aux réactions à vif de certains membres de la communauté cycliste jeudi matin.
La porte-parole de Vélos Fantôme Montréal, Gabrielle Anctil, se dit également troublée par ce nouveau décès qui porte le bilan à quatre cyclistes morts en trois mois à Montréal.
« Il faut envoyer un message fort », insiste la militante, qui a pris part à l’élaboration récente d’une plate-forme de revendications de la communauté cycliste montréalaise dans le cadre des élections municipales. « On banalise tellement l’utilisation de l’automobile », déplore-t-elle en soulignant qu’on ne sensibilise pas suffisamment les automobilistes au danger mortel qu’ils représentent pour les usagers vulnérables lorsqu’ils font des manœuvres dangereuses ou illégales.
Un nœud routier problématique
L’intersection de la voie Camillien Houde et du chemin de la Côte-Sainte-Catherine, située tout juste à l’ouest de l’intersection achalandée de Mont-Royal et Parc, est un nœud autoroutier « hyper problématique », souligne Marianne Giguère. La conseillère rappelle que la dangerosité de cette intersection pour les cyclistes est documentée dans des analyses réalisées par la Direction de la santé publique de Montréal depuis plus de dix ans.
« Ça fait plusieurs années qu’on en parle », note la présidente directrice générale de Vélo Québec Suzanne Lareau qui est préoccupée depuis longtemps par la difficile cohabitation entre les cyclistes qui s’entraînent sur la montagne et la circulation de transit qui emprunte quotidiennement la voie Camillien Houde et le chemin Remberance pour contourner la congestion du centre-ville. (C’est d’ailleurs en faisant demi-tour sur Camillien Houde pour remonter vers le chemin Remembrance après avoir dépassé Clément Ouimet dans la descente que le conducteur du véhicule utilitaire sport a happé mortellement le cycliste.Un internaute a illustré la manoeuvre sur une carte sur la base des témoignages recueillis après les événements.)
Dans son édition vendredi, La Presse+ a republié une lettre d’opinion datée d’il y a près de 15 ans faisant état de ce problème.
Interdire le transit ou fermer à la circulation?
Selon des comptages réalisés pour Vélo Québec en 2014, plus de 10 000 véhicules automobiles circulent sur la route qui traverse le parc du Mont-Royal chaque jour. C’est la raison pour laquelle Vélo Québec propose de fermer la voie à la circulation de transit ce qui permettrait de réduire drastiquement le flot de véhicules.
Cette proposition, déjà mise de l’avant depuis 2010, a été reprise à son compte par le maire de Montréal Denis Coderre, après que le candidat au poste de conseiller de Ville du district Jeanne-Mance d’Équipe Coderre et fondateur de le fondateur de la Cylovia Camillien Houde, Marc-Antoine Desjardins, ait réclamé sur sa page Facebook de faire de Camillien Houde une « zone d’activité physique exclusive (ZAPE) ».
Cibler les comportements dangereux et illégaux
Dans le cas du décès de Clément Ouimet, « il n’y a pas d’aménagement en cause », insiste Suzanne Lareau qui précise que c’est la manœuvre illégale et dangereuse d’un automobiliste qui a coûté la vie au jeune cycliste. Gabrielle Anctil rappelle toutefois que, comme dans la majorité des cas de cyclistes blessés ou tués sur les routes montréalaises, c’est l’aménagement physique de la chaussée qui rend possible de telles manœuvres.
Marianne Giguère souligne pour sa part qu’en plus de sécuriser les intersections et d’aménager un réseau cyclable sécuritaire, il faudrait aussi s’attaquer à l’« impunité » des automobilistes fautifs qui s’en sortent trop souvent sans blâme dans le cadre de la réforme attendue du Code de la sécurité routière.
« La règle du no fault, ça ne veut pas dire que tu peux faire n’importe quoi n’importe quand », tranche de son côté Suzanne Lareau qui estime qu’il faut préciser ce qui est considéré comme un comportement dangereux ou fautif au sens du Code.