Âgés respectivement de 82 et 73 ans, Georges et Polynexi Panagakos ont dû quitter leur logement de l’avenue de l’Esplanade qu’ils occupaient depuis 45 ans.
Visiblement éploré par ce déménagement forcé, le couple fait partie des 18 ménages visés par le projet de reprise pour agrandissement, contesté sans succès par plusieurs des locataires devant la Régie du logement, le mois dernier.
Jetés à la rue
« Tout le monde a des ententes individuelles », déplore Gabrielle Renaud, du Comité logement du Plateau Mont-Royal, qui a appuyé les locataires dans leur lutte pour conserver leur logement. Un locataire qui a choisi d’être représenté par avocat à la Régie aurait ainsi obtenu une compensation de 10 000 $ et un délai supplémentaire pour quitter le logement. D’autres, comme les Panagakos qui ne maîtrisent pas suffisamment le français ou l’anglais pour se défendre adéquatement, ont dû déjà quitter leur logement avec à peine quelques centaines de dollars de compensation de la part du propriétaire, Dennis Kounadis.
« Tout ce qu’il leur a offert, c’est un camion », relate l’interprète invité par le couple à la conférence de presse tenue vendredi matin devant l’immeuble. Les Panagakos payaient 630 $ par mois pour leur 6 et demi délabré. Il n’y aurait eu aucun travaux dans le logement depuis 1984, selon le témoignage des locataires qui ont pratiquement été jetés à la rue et ont été obligés de prendre un appartement plus petit et plus cher sur le boulevard de l’Acadie.
Ce cas n’est pas sans rappeler celui de Liliane Dufour qui avait eu trois semaines pour déménager après son éviction l’an dernier. « J’ai accepté n’importe quoi. Ça ne va vraiment pas bien. Je dois redéménager », explique la septuagénaire qui est venue manifester son appui au Panagakos vendredi.
Urgence d’agir
« C’est un comportement proprement scandaleux », s’indigne le député de Mercier, Amir Khadir. Il appelle le gouvernement Couillard à agir rapidement pour protéger les aînés des reprises et des évictions abusives, qu’il qualifie de « banditisme ». Le projet de loi 492, déposé par Québec Solidaire l’an dernier, « avance à pas de tortue » dénonce Amir Khadir qui souligne que le cas des Panagakos démontre encore une fois l’urgence d’agir.
Sur le Plateau, plus de 1 600 cas de reprises ou d’évictions ont été contestés à la Régie entre 2000 et 2010, rapporte Gabrielle Renaud. Il ne s’agit selon elle que d’une infime partie de l’ensemble, puisque dans ce cas-ci, seuls 7 locataires sur les 18 ménages visés par la demande de reprise sur Esplanade ont porté leur cause devant le tribunal administratif.