La communauté cycliste de Montréal entend bien avoir voix au chapitre dans la campagne électorale montréalaise qui a débuté le 22 septembre.
Alors que les deux principaux partis en lice pour les élections du 5 novembre courtisent l’électorat cycliste, divers groupes de la communauté montréalaise s’organisent pour élever le niveau du débat et obtenir des engagements fermes.
L’électorat à un million
« Les partis politiques ont fait du vélo un objet politique », observe Pierre Rogué, instigateur de la campagne lancée dimanche (1er octobre), lors d’un point de presse dans le parc La Fontaine en face de la Maison des cyclistes, et dont l’objectif est de « circonscrire le débat » sur le développement du réseau cyclable montréalais et sur la mise en œuvre de la Vision Zéro.
Inspiré par la campagne Je vote vélo, lancée le mois dernier par Vélo Québec, Pierre Rogué a rassemblé un groupe de travail sur le vélo qui a pondu une série de revendications très pointues sur lesquels les candidats et candidates sont appelés à se positionner d’ici le 5 novembre. Rappelons que c’est aujourd’hui un peu plus de la moitié de la population montréalaise qui pratique le vélo, de manière récréative ou comme moyen de transport saisonnier ou à longueur d’année, ce qui constitue un segment non négligeable de l’électorat.
Des engagements, pas des paroles en l’air
Le groupe de travail coordonné par Pierre Rogué qui rassemble Vélos Fantôme Montréal, l’Association des messagers à vélo de Montréal et l’International Mountain Bicycling Association Canada, a présenté ses principales revendications dimanche. « Le but c’est de se faire entendre dans la campagne », explique Pierre Rogué qui voit dans les élections municipales « la meilleure fenêtre » pour faire avancer les dossiers comme la création d’un réseau interconnecté de pistes sécuritaires sur l’ensemble réseau artériel montréalais.
Principal point d’accès au centre-ville pour les cyclistes en provenance du nord-est de Montréal, le Plateau se situe au cœur de ce réseau cyclable artériel à compléter et à intégrer, avance Pierre Rogué qui estime que la piste Brébeuf est « désuète » et que la bande cyclable sur Saint-Urbain est loin d’être un aménagement « adéquat ». L’absence d’infrastructures cyclables sur des axes majeurs comme Papineau et Sherbrooke est un non-sens, estime le militant à l’origine de la campagne Une porte une Vie. « Il faut cyclabiliser tout ça », insiste-t-il.
De revendications et des propositions concrètes
L’aménagement de pistes cyclables sécuritaires sur des artères denses comme Papineau, Sherbrooke et Iberville figure d’ailleurs parmi les interventions prioritaires ciblées par le groupe de travail qui demande également la sécurisation urgente des viaducs et des intersections, ainsi que la concrétisation du projet #100SAS (« déjà annoncé en 2016 », rappelle-t-on dans le communiqué émis dimanche).
Dans une critique à peine voilée des résultats mis de l’avant par l’administration Coderre, le groupe de travail propose également de revoir la stratégie de développement du réseau en élaborant « un échéancier fondé sur l’utilité, la qualité et la véritable sécurisation du réseau plutôt que sur des objectifs quantifiés en nombre de kilomètres réalisés ». Le groupe de travail en appelle par ailleurs à prendre en compte « tous les usagers de l’espace public lors de reconstructions, réparations ou de la mise en place de nouveaux aménagements dans la ville » et à prioriser « le développement du réseau cyclable dans les quartiers défavorisés et/ou excentrés ».
Particulièrement active et organisée sur les réseaux sociaux, notamment à travers le groupe Facebook Vélo d’hiver Montréal qui a récemment donné vie au sous-groupe #dansmapiste, la communauté cycliste de Montréal promet d’être présente dans la campagne électorale et annonce des actions à venir dans le courant du mois d’octobre.
La Coalition vélo de Montréal, qui ne fait pas partie du groupe de travail formé par Pierre Rogué, organise pour sa part un débat vélo le 10 octobre prochain où la « Mme Vélo » de Projet Montréal, Marianne Giguère, croisera le fer avec le « M. Vélo » d’Équipe Coderre, Marc-André Gadoury.