À quelques jours du vote, les deux candidats à la mairie ont exposé leur style de gestion et leur vision pour l’avenir du Plateau-Mont-Royal.
Devant une centaine de personnes réunies dans la grande salle du Resto Plateau au Centre de services communautaires du Monastère, et quelques dizaines de personnes qui ont suivi (et poursuivi) le débat à distance sur la page Facebook de Pamplemousse.ca, le maire sortant, Luc Ferrandez, et le candidat d’Équipe Coderre, Zach Macklovitch, ont échangé avec les citoyens et citoyennes.
L’usure du pouvoir face à l’ingénuité de l’inexpérience
Démontrant qu’il maîtrise ses dossiers sur le bout des doigts après huit ans au pouvoir, Luc Ferrandez sollicite un troisième mandat avec un mélange d’ardeur et de lassitude. Le maire sortant reprend des les grandes lignes le discours qu’il a tenu lors du débat du Mile End sur l’amélioration de la qualité de vie comme étant « l’art du possible » et souligne à gros trait que sans changement d’administration à la mairie de Montréal, les efforts pour mettre en œuvre le programme local de Projet Montréal sur le Plateau se buteront encore à la résistance de la Ville de Montréal.
Affichant une assurance qui compense pour son manque d’expérience, l’entrepreneur Zach Macklovitch a semblé davantage faire campagne contre Projet Montréal que pour le programme de l’Équipe Coderre sur le Plateau. L’aspirant maire, qui reprend à son compte les arguments des opposants de Luc Ferrandez et vante le bilan de Denis Coderre à la mairie de Montréal, résume son programme à la formule suivante : « c’est le temps de dire oui ».
(Les engagements d’Équipe Coderre qui font office de programme sur le Plateau ont été dévoilés au lendemain du débat, jeudi.)
La continuité ou le changement?
En un sens, la course à la mairie du Plateau ressemble donc à celle à la mairie de Montréal, où le maire sortant doit défendre son bilan face à un adversaire néophyte (bien que Valérie Plante ait un mandat derrière elle comme conseillère municipale, son expérience politique est limitée comparativement à celle d’un politicien de carrière comme Denis Coderre), dont la campagne capitalise en bonne partie sur l’antipathie de l’électorat à l’égard du pouvoir en place. À une différence près : c’est l’hégémonie de Projet Montréal qui est contestée sur le Plateau et c’est Équipe Coderre qui représente la figure du changement.
S’il est élu, Zach Macklovitch promet à qui veut bien l’entendre d’être à l’écoute de tout le monde et de gérer tous les problèmes qui sont portés à son attention au cas par cas. Il maintient cependant qu’il ne prévoit pas consacrer plus de 15 à 20 heures par semaine à ses fonctions de maire d’arrondissement et qu’il continuera à mener ses activités d’entrepreneur sur le Plateau sans y voir d’apparence de conflit d’intérêts. Alors que sa campagne a surtout consisté à dénoncer ce qu’il qualifie de « no first mentality » de l’administration en place, il reste à voir si le candidat d’Équipe Coderre aura réussi à rallier un électorat suffisant pour détrôner le maire sortant.
Luc Ferrandez, qui avait augmenté sa majorité aux élections de 2013 malgré un premier mandat aussi houleux sinon plus que celui qui s’achève, assure qu’il poursuivra dans le cadre d’un troisième mandat à mettre en œuvre les mesures d’apaisement de la circulation et de verdissement afin de continuer de lutter, à l’échelle locale, contre les « dérèglements climatiques » qui menacent de rendre la ville inhabitable. Le résultat du vote de dimanche sera donc en quelque sorte un plébiscite sur la vision de l’urbanisme mise de l’avant par Projet Montréal sur le Plateau depuis 2009 et qui fait, semble-t-il, le bonheur des uns et le malheur des autres.