Une vigile tenue devant le métro Mont-Royal lundi soir en commémoration des victimes de l’attentat de Québec a rassemblé une centaine de personnes.
Malgré le froid mordant, une petite foule s’est massée pendant près d’une heure sur la place Gérald-Godin pour une veillée aux chandelles à la mémoire des six hommes assassinés pendant la prière du samedi à la grande mosquée de Québec le 29 janvier 2017.
Des blessures à vif
« Un an déjà depuis ce tragique événement et les plaies sont encore ouvertes », lance Eve Torres, coordonnatrice aux affaires publiques pour le Québec au Conseil national des musulmans canadiens.
La porte-parole du regroupement, qui avait lancé l’appel pour une journée de commémoration et d’action contre l’islamophobie, évoque les vies brisées par la tuerie de l’an dernier, dont celle des survivants et de leurs familles.
« Ces gens-là sont des gens, tout comme moi, qui vont à la mosquée », soupire le journaliste indépendant Mohamed Jelassi dans un vigoureux discours ouvert par un « Salam Aleikum » (« que la paix soit avec vous ») bien senti. Il souligne que les derniers mots des six fidèles abattus à la mosquée de Québec étaient probablement « Allahu akbar » (« Dieu est grand ») : des mots de paix, associés à tort dans l’imaginaire collectif à la violence djihadiste.
Changer le climat de haine et de peur
Reprenant les grandes lignes d’une déclaration publiée l’an dernier à la suite du massacre, la coordonnatrice des programmes jeunesse du Centre communautaire des femmes sud-asiatiques, Harleen Bhogal, dénonce quant à elle « une atmosphère de peur et de haine », créée et entretenue par les autorités publiques et par les médias, notamment à travers le prisme des débats sur la Charte des valeurs puis sur la loi 62 qui instrumentalisent les femmes musulmanes à des fins de politique partisane.
« Ce climat d’islamophobie qui perdure au Québec s’est installé depuis quelques années », observe l’une des organisatrices du rassemblement, Nazila Bettache, qui retrace les origines de cette nouvelle vague de racisme et de xénophobie aux débats sur les accommodements raisonnables, il y a dix ans.
Face à la montée en puissance de la haine et du suprémacisme blanc, la militante propalestinienne Lorraine Guay invite à « multiplier les gestes de solidarité », ajoutant poétiquement que « la solidarité, c’est la tendresse des peuples ».
Bâtir des ponts, pas des murs
Dans une déclaration bien pesée, le coordonnateur national de l’organisme Voix juives indépendantes, Corey Balsam, a tenu à souligner que les membres de la communauté juive sont bien placés pour comprendre « ce que signifie être la cible d’actes haineux en raison d’une confession ou d’une origine ethnique » et à affirmer son soutien « à nos concitoyennes et concitoyens musulmans dans la lutte qu’elles et ils mènent afin d’être reconnus pleinement comme membres légitimes de la société québécoise ».
Joignant sa voix « aux antiracistes, à celles et ceux qui luttent pour la paix » et « aux antifascistes, à celles et ceux qui refusent de tomber dans le piège de la haine et qui luttent pour la justice économique », Corey Balsam dit vouloir soutenir celles et ceux « bâtissent des ponts au lieu de murs ».