Chantiers de saillies : l'efficacité avant la sécurité?

Les problèmes observés sur les chantiers de saillies sur Laurier semblent se reproduire à l’identique sur Saint-Joseph et Marie-Anne.

Il y a deux semaines, une résidente de la rue Parthenais faisait état de nombreuses irrégularités en matière de signalisation sur un chantier mené par l’entreprise Larotek Construction à l’angle des rues Parthenais et Laurier. La résidente qui a demandé de demeurer anonyme indique que l’entrepreneur procède aux travaux sur les quatre trottoirs simultanément, ce qui force les piétons à passer « dans le chantier actif », en plein milieu de l’intersection, un scénario qui se répète sur deux nouveaux chantiers respectivement à l’angle de Saint-Joseph et des Érables, et Marianne et des Érables.
Un sentiment de déjà vu
Interviewé par le journal de La Petite-Patrie de Pamplemousse.ca, en marge d’une conférence de presse sur l’inauguration d’un projet-pilote de sas piétons sur Beaubien, le maire de l’arrondissement de Rosemont — La-Petite-Patrie, François W. Croteau, indique avoir « vécu la même situation » l’an dernier. En 2016, l’arrondissement de Rosemont — La Petite-Patrie avait octroyé un contrat à Larotek pour la construction de 49 saillies. « Ça a été un cafouillage total au niveau de la signalisation », se souvient le maire Croteau.
La conseillère d’arrondissement du district de Lorimier, Marianne Giguère, reconnait que la façon de faire de Larotek est pour le moins « bizarre », mais avance qu’il s’agit peut-être d’un nécessaire « compromis entre l’efficace et le sécuritaire ». Aux dires de la conseillère, le fait de réaliser les quatre saillies simultanément ferait en sorte que les travaux sont réalisés « beaucoup plus vite ». Le maire de Rosemont — La-Petite-Patrie affirme par contre avoir sanctionné l’entrepreneur pour un dépassement de délais d’un an dans la livraison des saillies commandées en 2016, signe que les nouvelles méthodes de l’entrepreneur ne livrent pas nécessairement les résultats escomptés.
L’arrondissement veille au grain… dans la mesure de ses moyens
Marianne Giguère dit avoir pris acte des manquements de l’entrepreneur lors du chantier sur Laurier. « L’inspectrice s’était rendue sur place et elle avait constaté beaucoup d’irrégularités », confirme la conseillère qui assure que des mesures correctives avaient été demandées et apportées.
En raison du nombre élevé de chantiers, il est cependant impossible pour l’arrondissement d’assurer une surveillance quotidienne. « On a été obligé de couper beaucoup, beaucoup dans nos effectifs », signale Marianne Giguère. L’arrondissement ne compte qu’une demi-douzaine d’inspecteurs chargés, entre autres tâches, de veiller au respect des plans de déviation sur les chantiers de voirie, indique la conseillère. Le site info-travaux recense actuellement 12 chantiers en cours sur le territoire du Plateau-Mont-Royal.
Des sanctions non appliquées?
En plus des pénalités prévues en cas de retard, les contrats prévoient des clauses spécifiques prévoyant des amendes en cas de non-respect des plans de déviation, indique la conseillère. « On évite par contre de se rendre là », note Marianne Giguère qui ajoute que les services de l’arrondissement ont été jusqu’à maintenant « assez satisfaits » de la collaboration de l’entrepreneur pour apporter des correctifs à ses plans de déviation.
Même si, de l’aveu même de l’élue du district de Lorimier, le fait de procéder aux travaux sur les quatre trottoirs en même temps « limite les possibilités de déviation », l’arrondissement ne souhaite pas pour l’instant sanctionner l’entrepreneur afin de ménager la relation avec son fournisseur. « Ça se peut qu’on les mette sur la liste noire », avance Marianne Giguère qui souligne que s’il s’avère que l’entrepreneur est « vraiment délinquant », l’arrondissement en fera état dans son évaluation du rendement du fournisseur, tel que le prévoit une politique mise en place par la Ville de Montréal en 2015.
Larotek Construction inc. n’affiche ni adresse de courriel ni numéro de téléphone public. Il nous a donc été impossible, à ce stade-ci, de joindre une porte-parole de l’entreprise pour commenter ce dossier.

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