Alors que les élections fédérales battent leur plein, Amir Khadir fait le point sur les dossiers nationaux à la veille de la rentrée parlementaire. Suite de notre entrevue de mardi.
Après avoir abordé la question du logement sur le Plateau, le député en avait encore long à dire sur les enjeux de politique fédérale et provinciale.
Sortir du pétrole
Il y a, selon le député de Mercier, un consensus largement partagé au sein de la société civile québécoise contre le transport du pétrole issu des sables bitumineux. Amir Khadir déplore que, ni les principaux partis politiques fédéraux en lice pour les élections du 19 octobre, ni le gouvernement du Québec ou l’opposition officielle ne prennent clairement position sur ce dossier.
Il déplore également l’absence de volonté politique de sortir le Canada et le Québec de sa dépendance au pétrole. « On ne voit pas un plan énergétique [permettant] d’assurer la transition », déplore le député qui a siégé à la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles, notamment durant les consultations publiques sur l’inversion du flux de l’oléoduc 9 b d’Enbridge, en 2013.
En misant sur le développement et l’expansion du secteur pétrolier et gazier, « on freine le développement de sa filière alternative », soit celle des énergies renouvelables, estime le député solidaire.
Quand l’austérité mine l’éducation
Amir Khadir voit dans les politiques d’austérité du gouvernement provincial un programme de « déconstruction de l’État social ». À l’heure de la rentrée scolaire, il s’inquiète des impacts qu’auront les compressions budgétaires imposées à la Commission scolaire de Montréal (CSDM) sur les écoles du Plateau.
« On vient aggraver des problèmes qu’on essaie de régler depuis des années », déplore le député solidaire qui rappelle que l’école publique est aux prises avec de sérieux problèmes de surpopulation et de sous-financement des établissements.
« Ça sape le moral », constate le député, qui ajoute qu’il n’y a pas que les écoles qui sont affectées par les coupures en éducation. Les organismes d’action communautaire autonome fonctionnent avec « une épée de Damoclès au-dessus de la tête », souligne-t-il, rappelant que le gouvernement a donné à peine quelques mois de sursis aux groupes d’éducation populaire avant leur éviction.
Liberté d’expression
Le député de Mercier, qui encourage ouvertement les mouvements sociaux à se mobiliser contre les politiques d’austérité et l’expansion de la pétroéconomie canadienne, a observé la mise en place d’un « dispositif législatif qui pousse à la répression » depuis quelques années.
Amir Khadir affirme d’ailleurs avoir participé, en 2013, à une rencontre avec la députée sortante de Laurier–Sainte-Marie, le maire d’arrondissement Luc Ferrandez et des responsables du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sur la question du droit de manifester. Il espère que la condamnation récente d’un haut gradé de la police de Toronto pour des arrestations de masse survenues lors du G20 de 2010 entraînera un changement de pratiques au SPVM, qui a récemment été blâmé pour la seconde fois en dix ans par le Comité des droits de l’homme de l’ONU.
À lire: notre entrevue de mardi avec M. Khadir.