Pour la sixième année consécutive, la Coalition justice pour les victimes de bavures policières a tenu, jeudi dernier, une vigile devant les bureaux de la Fraternité des policiers et policières de Montréal.
Une centaine de personnes se sont rassemblées devant l’édifice de la rue Gilford pour une veillée à la chandelle visant à honorer la mémoire des victimes de bavures policières à Montréal et ailleurs en Amérique du Nord.
Un reportage d’Enquête, diffusé le même soir sur les ondes de Radio-Canada, faisait état de graves abus de la part d’officiers de la Sûreté du Québec à Val-d’Or, confirmant que le problème de la violence et de l’impunité policières est un enjeu national. Or, le Plateau a connu lui aussi son lot de bavures, selon les organisatrices de la manifestation.
En ouverture de la vigile, l’une des organisatrices a affirmé que 120 personnes sont décédées lors d’interventions policières ou en détention à Montréal depuis 1987, dont notamment le septuagénaire Robert Hénault, tué par balle en juillet 2013 alors qu’il était en crise dans son logement de la Rue Saint-Denis.
Le défi de la désescalade
Des initiatives comme l’Équipe mobile de référence et d’intervention en itinérance (EMRII) ou l’Équipe de soutien aux urgences psychosociales (ESUP) ont été mises en place pour soutenir la police dans ses interventions, en partenariat avec le CSSS Jeanne-Mance.
Malgré tout, les interventions policières auprès des personnes en crise psychosociale se sont soldées par plusieurs morts dans les dernières années. Celle de Jean-François Nadreau tué en 2012 dans son appartement d’Hochelaga-Maisonneuve en est un exemple parmi d’autres. « Il devrait être ici parmi nous aujourd’hui, a déclaré David, un de ses amis venu témoigner au nom des proches endeuillés. Les choses doivent changer. »
Dans un rapport publié l’an dernier, la Commission de la santé mentale du Canada incitait les académies de police à mettre davantage l’accent sur les « interventions non physiques (communications verbales, aptitudes interpersonnelles, techniques de désescalade, de désamorçage et d’apaisement) » dans la formation sur l’intervention auprès de personne aux prises avec des problèmes de santé mentale.
Le cas « matricule 728 »
Une policière du poste de quartier 38 (Plateau-Mont-Royal) a pour sa part été rendue tristement célèbre pour ses méthodes d’intervention « musclées ». Stéphanie Trudeau, alias matricule 728, s’est fait remarquer une première fois lorsqu’elle a été filmée administrant une bonne dose de poivre de Cayenne à des protestataires pacifiques lors d’une des nombreuses manifestations nocturnes du printemps 2012. En octobre de la même année, une vidéo montrant une violente altercation entre Stéphanie Trudeau et Simon Pagé à la Casa Obscura, sur la rue Papineau, a fait le tour de réseaux sociaux.
Jetée en pâture aux médias, Stéphanie Trudeau a été suspendue pendant que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) faisait enquête sur les événements. Récemment, elle a tenté de profiter de son passage sur le plateau de Tout le monde en parle pour restaurer une image publique ternie par des révélations sur plusieurs comportements inappropriés survenus au cour de sa carrière au SPVM.
Après avoir livré sa version des faits dans un livre, Stéphanie Trudeau a annoncé en septembre qu’elle quitterait la police. Les accusations portées contre Simon Pagé et trois de ses amis impliqués dans les événements de l’automne 2012 ont été abandonnées.
Le SPVM n’avait pas retourné notre demande d’entrevue ou de commentaires au moment de publier.