Lors de sa première séance ordinaire de l’année, le conseil d’arrondissement a entamé le processus qui mènera à la création d’un parc dans le Jardin Notman.
C’est l’aboutissement d’une longue saga qui s’étend sur une quinzaine d’années et dont le dénouement permettra d’assurer la sauvegarde d’un jardin plus que centenaire.
Une erreur historique enfin corrigée
La saga immobilière qui menaçait de détruire le jardin représente, somme toute, « un épisode récent » dans la longue histoire de cet ensemble patrimonial, observe le directeur des politiques d’Héritage Montréal, Dinu Bumbaru.
Le défenseur invétéré du patrimoine bâti, urbain et paysager montréalais se réjouit de voir l’administration montréalaise enfin « corriger » une erreur en assurant la protection de cet important ensemble paysager dont la valeur patrimoniale est inestimable.
« Finalement, ça a abouti », soupire Tony Antakli qui mène les efforts du mouvement pour la préservation du jardin Notman depuis des années.
Au nom de la présidente du Comité citoyen Milton-Parc (CCMP), Lucia Kowaluk, qui était dans l’impossibilité d’être présente au conseil, le militant du CCMP Dimitri Roussopoulos a tenu à saluer publiquement les efforts du conseiller municipal, Alex Norris, qui représente le district Jeanne-Mance depuis 2013.
L’expropriation, une solution de dernier recours?
« Désormais, on peut être certain que le lieu sera protégé », assure pour sa part le conseiller Norris qui attribue en partie le succès de cette lutte « importante » à la détermination de nombreux acteurs de la communauté qui se sont mobilisés sans relâche pour demander l’intervention du gouvernement du Québec et de la Ville de Montréal pour assurer la protection du jardin Notman.
Se défendant de vouloir gâcher les célébrations, le maire d’arrondissement, Luc Ferrandez, tient à souligner que si l’expropriation représente « la bonne solution » dans ce dossier, il est impensable de penser protéger le riche patrimoine urbain du Plateau en faisant l’acquisition de chaque ensemble d’intérêt patrimonial. Il évoque notamment l’avenir incertain de l’Institut des Sourdes-Muettes et celui de l’Hôtel-Dieu.
L’expropriation qui coutera, au minimum, 3,3 millions de dollars selon les estimations de la Ville représente un recours exceptionnel aux yeux du maire d’arrondissement. « Le pouvoir d’expropriation est un pouvoir qui doit être utilisé plus souvent », maintient pour sa part Dimitri Roussopoulos, qui est également président de l’Institut de politiques alternatives de Montréal. Selon le militant, la Ville ne doit pas hésiter à envisager ce recours pour prendre possession de terrains lorsque l’intérêt public le commande.
Dossiers décisionnels
Éclipsés par cette grande nouvelle, revendiquée comme une « exclusivité » par La Presse+ la fin de semaine dernière, d’autres dossiers traités lors de la séance du 5 février, expédiée en un temps record de 50 minutes, méritent l’attention.
Mentionnons en vrac l’ajout à venir d’un panneau d’arrêt à l’angle des rues Marianne et Henri-Julien, aux abords de l’École Arc-en-ciel, et l’interdiction prochaine du virage à gauche sur Mont-Royal en provenance de Saint-Denis en direction nord et sud; l’octroi d’un contrat d’aménagement paysager d’une valeur de plus de 82 000 $ pour la Rue Prince-Arthur Est; et l’approbation des plans pour la reconstruction de l’édicule de la station Mont-Royal qui débutera en avril prochain.
L’ensemble des sommaires décisionnels peuvent être consultés sur le site de l’arrondissement et la séance peut être visionnée en différé sur le site de Webtv.coop.
Pour en savoir plus sur le dossier du jardin Notman et de l’ensemble patrimonial auquel il est rattaché, lire la chronique historique de cette semaine :
http://plateau.pamplemousse.ca/2018/02/jardin-notman-on-y-trouve-quelques-chicots/
[ Rectificatif : Le conseiller Alex Norris ne représente le district de Jeanne-Mance que depuis 2013. Élu sous la bannière de Projet Montréal dans le Mile End en 2009, il l’avait emporté dans Jeanne-Mance en 2013 contre l’ancienne conseillère du district, Piper Huggins, qui avait quitté Projet Montréal après le rejet par l’administration Ferrandez d’une motion visant à protéger le jardin Notman.]