Le débat du Mile End a mis la table pour le face à face entre le maire sortant, Luc Ferrandez, et le candidat d’Équipe Coderre, Zach Macklovitch, qui a lieu ce mercredi (1er novembre) au Resto Plateau.
Devant un parterre bondé dans la grande salle du théâtre Rialto, prêtée pour l’occasion au Comité des citoyens et citoyennes du Mile End qui organisait le débat, l’équipe de Zach Macklovitch, formée d’Iris Almeida-Côté et de Jean-David Prophète, a affronté l’équipe sortante de Projet Montréal, formée du conseiller de ville Richard Ryan et de la conseillère d’arrondissement Marie Plourde.
Ce duel, où les deux candidats à la mairie ont fini par voler la vedette, a été ponctué d’interventions du candidat de Plateau sans frontières au poste de conseiller d’arrondissement, Halil Sustan, qui a tenu à préciser d’entrée de jeu qu’il se présente maintenant à titre d’indépendant, vu le retrait de la course de Michel Brûlé qui dirigeait le tiers parti.
Un débat tranché
S’il a davantage permis de prendre la mesure du fossé qui sépare les deux principaux partis en lice qu’à faire la lumière sur le programme précis des deux formations pour le Mile End, le débat a surtout été l’occasion de survoler les enjeux du quartier et de prendre connaissance des positions respectives de Projet Montréal et d’Équipe Coderre sur différents problèmes locaux : de la spéculation immobilière à la prolifération d’Airbnbn, en passant par la circulation et le transport en commun.
Malgré la tension palpable entre l’équipe de Projet Montréal et celle d’Équipe Coderre quelques moments cocasses ont désamorcé la situation. Lors du tirage au sort pour déterminer l’ordre d’ouverture et de fermeture du débat, Luc Ferrandez a par exemple pigé le deux de pique, ce qui n’a pas manqué de provoquer une réaction amusée-outrée du maire sortant qui n’est pas reconnu pour pêcher par excès d’humilité.
Visiblement en confiance, le maire sortant a profité de son premier tour de parole pour tourner en dérision une récente sortie de Denis Coderre qui, en réaction à un récent sondage qui place Valérie Plante en tête des intentions de vote, mettait en garde la population montréalaise contre l’élection d’une « administration Ferrandez-Plante ». En boutade, Luc Ferrandez s’est donc présenté comme le maire de « l’administration Ferrandez-Ferrandez ».
Le débat vire à la confrontation
Bien campé dans son rôle de candidat d’opposition, Zach Macklovitch a pour sa part gardé son sérieux tout au long du débat, optant pour un ton dur, même cassant, à l’endroit de ses adversaires.
Reprenant plusieurs formules de son chef, notamment en appelant à « la réalité » pour affirmer que le projet de ligne rose proposé par Valérie Plante « n’existera jamais », l’aspirant maire a attaqué l’administration sortante en entonnant les refrains connus des entraves à la circulation et aux commerces, utilisés à outrance par Denis Coderre pour démoniser le Plateau.
Ce à quoi Luc Ferrandez a fini par répliquer avec un bien senti « ça va faire! », en soulignant que des milliers d’emplois ont été créés dans le Mile End et que le taux d’inoccupation est nul sur Saint-Viateur et sur Bernard.
Charles Déziel, un fervent opposant à Projet Montréal qui a également participé au débat dans De Lorimier, est revenu à la charge en demandant à Marie Plourde de combien d’argent l’arrondissement dispose pour compenser les commerçants affectés par les travaux ou encore ceux qui souffrent des mesures d’apaisement de la circulation ou des restrictions de stationnement.
Questions sans réponses
La conseillère sortante n’ayant pas répondu directement à la question, le candidat du district Jeanne-Mance d’Équipe Coderre, Marc-Antoine Desjardins, s’est amené au micro un peu plus tard pour demander un « point d’ordre ». Lorsqu’on lui a fait remarquer que le débat était destiné aux citoyens et non aux candidats, il a levé le ton avant que l’animatrice du débat, Isabelle Anguita, ne réussisse à calmer les esprits qui commençaient à s’échauffer.
Pris de court à plusieurs reprises par des questions sur des enjeux pointus ou des projets spécifiques du district, la candidate d’Équipe Coderre Iris Almeida-Côté et son colistier se sont appuyés sur certaines formules convenues, par exemple en invoquant les possibilités ouvertes par les nouveaux pouvoirs conférés en vertu du statut de métropole ou en référant au « plan Coderre » sur la taxation.
Match nul?
Questionné sur des déclarations antérieures à savoir s’il entendait se consacrer à temps plein à son rôle de maire s’il était élu, Zach Macklovitch a maintenu qu’il ne pensait pas devoir consacrer plus de 15 à 20 heures par semaine à son rôle d’élu et qu’il entendait continuer à gérer en parallèle ses cinq entreprises actives dans le secteur du divertissement.
Promettant de gérer les problèmes et les requêtes « au cas par cas » et de « dire oui », l’aspirant maire assure que s’il est élu, il entend « représenter tout le monde », accusant Projet Montréal de gouverner en n’écoutant que son propre électorat.
« La défense de la qualité de vie, c’est l’art du possible », rétorque le maire sortant qui assure que les considérations techniques l’emportent souvent sur les positions idéologiques dans la gestion quotidienne des affaires municipales. Il précise que ses politiques ne seront jamais à la hauteur des attentes en raison des nombreuses contraintes qui pèsent sur la prise de décision et que l’administration locale est confrontée chaque jour à « [sa] propre impuissance ».
Si certaines personnes interrogées à la sortie du débat disent que les échanges les ont aidés à faire leur choix en vue des élections du 5 novembre, d’autres déplorent que la confrontation ait pris le pas sur le dialogue et que les échanges entre les deux candidats à la mairie aient monopolisé la majeure partie du débat au détriment des enjeux locaux. D’autant plus qu’un face à face Ferrandez-Macklovitch est prévu ce mercredi (1er novembre).