Les membres dissidents de la seule radio communautaire multilingue de Montréal ont obtenu un premier gain dans leur lutte contre la direction de la station.
Après des mois de luttes intestines opposant le directeur intérimaire de Radio Centre-Ville, Wannex Lalanne, et des bénévoles de la station, des procédures judiciaires ont été entamées par un groupe de membres de différentes équipes linguistiques qui se présente comme « les résistants de Radio Centre-Ville ».
Victoire partielle
En vertu d’un jugement rendu le mois dernier par un juge de la Cour supérieure du Québec, l’administration Lalanne doit déposer au tribunal une série de documents réclamés par les membres dissidents depuis la controversée assemblée générale annuelle du 22 janvier dernier qui avait achevé de rompre le dialogue entre la direction et une partie des membres de la radio.
« Le vrai jugement, on l’attend encore », précise Pascal Lapointe, l’un des porte-parole du groupe de résistants, qui se réjouit toutefois de savoir que la décision rendue par le juge Lukasz Granosik aura pour effet d’empêcher l’administration Lalanne de continuer à faire « obstruction » dans le dossier.
Le tribunal ordonne à l’administration dépose au dossier des listes de membres de la station à jour ainsi les procès-verbaux des conseils d’administration et des comités en charge des adhésions des nouveaux membres, afin de déterminer de la validité ou non de l’assemblée générale du 22 janvier qui a mis au pouvoir l’équipe de Wannex Lalanne au conseil d’administration de la station.
La situation demeure tendue
Si la décision du tribunal ne tranche pas sur le fond du dossier, il s’agit d’un premier gain pour les membres dissidents de la station qui réclament l’annulation de l’assemblée générale du 22 janvier.
Selon les résistants de Radio Centre-Ville, la tenue d’une assemblée générale annuelle en bonne et due forme demeure la seule manière de remettre la station sur les rails après des mois de conflit.
Une telle assemblée serait l’occasion d’élire un nouveau conseil d’administration, mais aussi de lever le « soupçon de fraude » qui pèse sur l’administration Lalanne, explique Pascal Lapointe, qui souligne que la direction de Radio Centre-Ville refuse jusqu’à présent de rendre public les controversés contrats de vente d’heures d’antenne signés l’an dernier ainsi que les états financiers détaillés.
Ni Wannex Lalanne, ni le président du conseil d’administation élu dans la controverse le 22 janvier dernier, René Pulviose, n’avaient retourné notre demande au moment de publier.
Le conflit « nuit considérablement à la radio à long terme », déplore pour sa part Pascal Lapointe qui note que l’opacité de la gestion de la radio depuis plusieurs mois risque de faire fuir les investisseurs potentiels qui souhaiteraient aider la seul station station multi-ethnique et multilingue de Montréal à se relever de cette crise.