Année après année, le Plateau est confronté au phénomène des îlots de chaleur, un problème de santé publique qui contribue au réchauffement climatique.
De par sa forte densité, comparable à la dixième ville la plus dense du monde, Jakarta, le Plateau Mont-Royal n’échappe pas à ce phénomène global qui a fait récemment l’objet d’une étude.
Publiée en mai dans la revue Nature Climate Change, l’étude inédite, qui évoque une hausse de la température pouvant aller jusqu’à 8 degrés dans les villes les plus denses du monde, est sans équivoque : « Les stratégies municipales d’adaptation pour limiter le réchauffement au niveau local démontrent des bénéfices économiques importants pour pratiquement toutes les villes dans le monde. Qui plus est, certaines de ces stratégies d’adaptation locales sont politiquement plus faciles à mettre en place que des politiques globales ou nationales d’atténuation. »
Sensible à cet enjeu, l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal met de l’avant, depuis plusieurs années, différentes mesures locales de lutte contre les îlots de chaleur.
Le défi de la déminéralisation
« Il y a beaucoup de manières d’avoir un impact sur les îlots de chaleur », souligne le chargé de projets en communication du Centre d’écologie urbaine de Montréal, Jean-François Harvey, qui souligne que le verdissement est l’une des approches les plus efficaces. Dans des quartiers aussi densément bâtis que le Plateau, « la création de nouveaux espaces verts passe par la déminéralisation », note le chargé de projets qui insiste sur l’importance de remplacer autant que possible les matières minérales comme l’asphalte, le béton et le goudron, qui emmagasinent et diffusent la chaleur, par des matières végétales ou synthétiques qui l’absorbent sans la relâcher ou qui la réfléchissent.
Le CEUM a d’ailleurs lancé cette année le projet Sous les pavés, en collaboration avec le Conseil régional de l’environnement de Montréal et l’organisme Depave Paradise, qui avait contribué à un premier projet de déminéralisation dans une ruelle du Plateau Est, il y a deux ans. « Il y a un côté ludique à tout ça », lance Jean-François Harvey qui souligne qu’en plus d’améliorer la qualité de l’environnement ce type de projet de déminéralisation permet de mobiliser la communauté et de sensibiliser les gens aux actions qui peuvent être prises localement pour faire face aux changements climatiques.
Préserver les boisés urbains
Si la lutte aux îlots de chaleur peut passer par la déminéralisation, en particulier par l’aménagement d’îlots de fraîcheur et par le verdissement du domaine privé ou public, elle passe également par le maintien des boisés urbains. Dans le cadre d’un projet sur les îlots de fraîcheur réalisé il y a quelques années, Nature Québec insistait d’ailleurs sur l’importance « de mettre en place des moyens pour conserver ces milieux naturels urbains afin de contrer le phénomène des îlots de chaleur ».
L’urgence de mettre en place des mesures de protection des boisés urbains a été remise à l’avant-plan récemment dans le dossier du Jardin Notman, dont la chroniqueuse du Devoir Lise Gobeil vantait récemment les vertus. « Sa disparition entraînerait la perte de nombreux services écosystémiques essentiels en milieu urbain, tels que la réduction des îlots de chaleur, l’absorption des eaux pluviales, la réduction de la pollution, etc. », notait la journaliste dans sa chronique jardinage du 29 juillet.