Avant même le lancement officiel de la plateforme, plus de 2000 locataires ont déjà inscrit leur loyer dans la base de données ouverte sur le logement.
Propulsé par un financement des arrondissements du Plateau-Mont-Royal, de Rosemont–La Petite-Patrie et du Sud-Ouest l’an dernier, la première base de données publique sur le logement a été développée par une petite équipe d’entrepreneurs sociaux, en partenariat avec la coopérative de penseurs et de créateurs numériques Caravan, établie au 5605 de Gaspé.
Une réponse sans équivoque
Dès la mise en ligne du prototype de la plateforme, lancé sans tambour ni trompette en mai dernier, la réponse des usagers a été immédiate. Alors que le lancement officiel de la plateforme n’est prévu que ce mercredi (21 juin), des centaines de locataires se sont déjà passé le mot.
« On est très, très contents de la réponse des gens », se réjouit le développeur web et mobile multiplateforme et confondateur de monloyer.quebec, Luis-Gaylor Nobre.
Bien que toutes les fonctionnalités du site ne soient pas encore activées, la plateforme permet dores et déjà aux locataires emménageant dans un nouveau logement de connaître, à titre indicatif, le prix payé par l’ancien locataire. Pour autant que le logement ait été inscrit dans la base de données.
À terme, une fonction statistique doit également permettre de calculer le prix moyen des logements dans un quartier donné, selon le type de logement. « Le site est encore en béta, la fonctionnalité principale est le fait de déposer son loyer et de consulter ceux des autres », explique le développeur.
Réticences du lobby des propriétaires
Si la mise en place d’une telle base de données répond en partie aux demandes des associations de locataires qui plaident pour la mise en place d’un registre public des loyers, le service de monloyer.quebec indispose le lobby des propriétaires.
La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), qui avait exprimé son opposition catégorique au projet il y a un an, met en doute la fiabilité des données et remet en cause jusqu’à la légalité de la démarche.
« On s’attendait à ce qu’il y ait une controverse », concède Luis-Gaylor Nobre. Il rappelle que l’objectif du projet demeure d’informer les locataires sur les prix du logement et d’éclairer les décisions politiques en matière de logement, mais se défend que le projet soit « anti-propriétaires ».
« On a reçu énormément de commentaires positifs de propriétaires », affirme le développeur. Il explique avoir reçu un grand nombre de messages concernant des améliorations à apporter à la plateforme, notamment de la part de professionnels de l’immobilier qui s’intéressent au projet.
Un modèle d’affaires à peaufiner
Alors que le projet démarre sur les chapeaux de roues, la jeune entreprise d’économie sociale en est encore à ses balbutiements. « Notre but, c’est d’abord de solidifier l’organisation », explique Luis-Gaylor Nobre.
Le modèle d’affaires qui consiste à compiler à vendre de données sur les immeubles ne peut pas encore assurer une viabilité financière à l’organisme à but non lucratif qui envisage lancer prochainement une seconde ronde de financement. Pas question, cependant, de vendre les données personnelles des usagers du site, prévient toutefois le développeur. « On ne collecte pas de données sur les gens », assure-t-il.