À première vue, le nouveau café ouvert récemment à l’angle de Rachel et de Lorimier est un café comme des centaines sur le Plateau, mais il n’en est rien.
« Faire un café à Montréal, c’est plate », lance le photographe Daniel Morel, cofondateur du Photo Café. Peu connu du grand public montréalais, le photojournaliste d’origine haïtienne, qui mène une carrière internationale comme pigiste, a remporté il y a quelques années une victoire majeure contre l’Agence France-Presse et Getty images qui avait repris sans autorisation ses photos du tremblement de terre de 2010, publiées via Twitter.
Avec sa conjointe, il s’est lancé dans la création du premier photo café de Montréal : un commerce hybride à moitié café/resto à moitié galerie d’exposition.
De la photo à l’espresso
« Le café, c’est un moyen de financer la photo », explique Marcela Escribano. Le Photo Café, seul café de quartier dans le secteur, sert et distribue du café équitable acheté directement à une coopérative en Haïti. « Ça nous intéresse de les aider directement », souligne celle qui est par ailleurs responsable des projets en Amérique latine et aux Caraïbes chez Alternatives.
Pour Daniel Morel, le mariage entre le café et la galerie est tout naturel. « Photojournaliste, c’est pas un métier; c’est la vie quotidienne », philosophe-t-il. Le café du coin, repère du quotidien, devient ainsi le meilleur endroit pour diffuser ses photographies ou celles d’autres photographe émergents ou établis.
Focus sur la photo
Rénové à grand frais (Daniel Morel affirme avoir investi environ 500 000 $ dans le projet), le café peut se transformer en galerie le temps d’un soir, comme ce fut le cas pour le vernissage récent de l’exposition Histoires de vélos de Mikaël Theimer à l’affiche jusqu’en mai.
En temps normal, le café accueille les travailleuses et travailleur et la population du quartier dans un décor où la photographie est omniprésente… jusque sur les tables!
« Ça fonctionne super bien », se réjouit Marcela Escribano qui souligne que le café roule bien depuis l’ouverture en février. « On ne fait pas beaucoup de profits », souligne-t-elle tout en précisant que, de toute façon, « l’objectif, c’est la galerie, c’est la photo ».
Or, la galerie est déjà « bookée » pour les mois à venir, indique-t-elle. La programmation est complète jusqu’en octobre prochain, confirme Daniel Morel qui invite les photographes, professionnels ou amateurs, à soumettre leurs oeuvres pour y exposer.