Le projet de réaménagement de la rue Prince-Arthur est accueilli avec un mélange d’enthousiasme et de réserves.
Les scénarios élaborés par la firme AECOM et dévoilés en grande pompe la semaine dernière ont soulevé des questions lors de l’assemblée publique de la semaine dernière.
Tant les commerçants et les résidents que les élus sont d’avis que la portion pétionne de rue Prince-Arthur est dévitalisée. Certains doutent cependant que le réinvestissement de 2 millions de dollars en infrastructures et en aménagements sur la rue Prince-Arthur Est soit une solution aux problèmes que connaît la rue.
« Je suis loin d’être persuadé que le problème de la rue Prince-Arthur soit un problème d’aménagement », lance Christian Tiffault, un résident de la rue Coloniale qui se trouve par ailleurs à être l’architecte responsable du projet de conversion du 30 Saint-Joseph Est. À son avis, la rue Prince-Arthur souffre essentiellement d’un problème de mix commercial.
« Les seuls commerces qui fonctionnent sont l’épicerie de quartier et le Café Campus », estime Christian Thiffault qui note qu’il s’agit là de deux commerces, l’un diurne et l’autre nocturne, dont les besoins de livraisons sont potentiellement incompatibles avec les aménagements proposés.
« Les aménagements proposés sont sophistiqués et fragiles », s’inquiète l’architecte qui s’interroge sur la durabilité de l’investissement envisagé pour le projet de réaménagement.
Leonardo Nieto, président de la nouvelle Association des commerçants de la rue Prince-Arthur, partage largement ces préoccupations. « La rue a besoin d’être sauvée », affirme le propriétaire du restaurant O Noir qui récemment déménagé du centre-ville pour s’établir sur Prince-Arthur.
« Ce sont de bonnes propositions », convient le restaurateur qui s’inquiète toutefois de voir le projet se traduire par des hausses de valeurs foncières et donc des hausses de taxes pour les commerçants. « C’est bien qu’on ait pensé aux éléments culturels », estime Leonardo Nieto, mais « il y a des choses qui ne sont pas pensées pour le futur », comme la mise en œuvre du projet à court terme ou le maintien des infrastructures à long terme.
Il déplore également que la réalité omniprésente de l’itinérance, de l’insalubrité et du trafic de drogues ne soit pas non plus prise en compte dans le projet. « C’est un problème social, un problème municipal » qui est complètement ignoré dans la démarche de revitalisation du secteur, se désole le commerçant.