La Ville de Montréal souffle le chaud et le froid en matière de sécurité cyclable et de vélo urbain.
D’un côté, les élus de l’équipe Coderre dévoilaient en grande pompe leurs recommandations sur les modifications à apporter au Code de la sécurité routière en vue d’améliorer la sécurité des cyclistes. De l’autre, le maire de Montréal Denis Coderre est intervenu pour faire annuler les travaux de sécurisation de la piste cyclable de Brébeuf entre Laurier et Saint-Grégoire.
« Je ne m’attendais pas à ça », confie le maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez. Il reproche au maire Coderre d’avoir cédé à « un tout petit groupe de citoyens » à des fins strictement électoralistes. Les travaux d’infrastructures entrepris récemment à l’angle de Brébeuf et Laurier avaient en effet été vivement critiqués par Michel Pauzé, l’un des membres du comité des résidents et gens d’affaires du Petit Laurier.
Ce comité, aussi connu comme le comité 151 en référence à la zone de vignette instaurée au printemps, avait rencontré Denis Coderre l’été dernier pour lui faire part de ses préoccupations concernant le stationnement dans le secteur.
« Cette intervention de M. Coderre fait suite à une demande de près de 100 citoyens et citoyennes de la rue Brébeuf, entre les rues Laurier et St-Grégoire », fait valoir le comité 151 ce matin par voie de communiqué. « Le comité tient aussi à souligner sa reconnaissance au maire Denis Coderre pour agir de façon responsable pour un élu municipal : écouter et entendre les citoyens et les citoyennes », conclut le communiqué qui reprend les doléances exprimées à plusieurs reprises par Michel Pauzé devant le conseil d’arrondissement sur le manque d’écoute des élus et l’absence de consultation auprès des résidents.
Le maire Ferrandez souligne que le réaménagement de la piste cyclable n’aurait entraîné la disparition que d’une quarantaine de places de stationnement, dont 15 où il est actuellement interdit de stationner entre 22 h à 9 h, alors que la piste cyclable est empruntée par 7500 à 8000 cyclistes par jour. Il rappelle également que le projet de sécurisation de la piste qui longe le parc Laurier visait notamment à permettre de maintenir ouverte à l’année la Route verte qui traverse l’île de Montréal du nord au sud via les rues Christophe-Colomb, Boyer, de Brébeuf et Berri.
« Le maire Coderre a changé son fusil d’épaule et a décidé d’arrêter les travaux qui allaient bon train, menaçant du coup la finalisation d’un projet majeur dans le plus important axe cyclable nord-sud sur l’île de Montréal », a déclaré hier la conseillère d’arrondissement pour le district De Lorimier, Marianne Giguère, qui agit également à titre de porte-parole en matière de vélo pour Projet Montréal.
La mobilité en débat
Les résultats de la dernière enquête origine-destination révélaient que l’utilisation du vélo est pleine croissance à Montréal, avec une augmentation de 54 % du nombre de déplacements quotidiens entre 2008 et 2013. Durant la même période, la motorisation des transports dans la grande région de Montréal a pour sa part augmenté deux fois plus rapidement que la croissance de la population, selon l’Agence métropolitaine de transport (AMT).
« On constate déjà une augmentation annuelle de l’utilisation de l’automobile de 2,8 % entre 2008 et 2013, constatait l’AMT en janvier dernier; il faudra donc suivre attentivement ce phénomène pour être en mesure d’analyser la situation et d’y proposer des solutions durables. Une attention particulière devra notamment être portée pour observer l’évolution des besoins de mobilité des aînés vivant dans des petits ménages situés en banlieue, ou encore l’augmentation des déplacements (hausse de 46 %) liés au fait de déposer ou d’aller chercher une autre personne, principalement des enfants, afin de voir dans quelle mesure ils peuvent être effectués en modes actifs ou collectifs. »
Ces enjeux et bien d’autres seront d’ailleurs abordés dans le cadre du forum À Pied, à vélo, des villes actives qui s’ouvre aujourd’hui et qui réunit divers spécialistes et intervenants en matière d’aménagement urbain qui cherchent à relever le défi de « réduire notre dépendance à l’automobile et multiplier nos déplacements actifs ».