Malgré la dégringolade vertigineuse de Montréal à l’index Copenhagenize des villes cyclables, les politiques du Plateau en matière de vélo urbain sont citées en exemple.
« On est très fier que notre travail soit reconnu », affirme la responsable du dossier du cyclisme à l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Marianne Giguère.
Montréal déclassée
« Ce n’est pas tant qu’on a régressé », affirme la conseillère d’arrondissement pour le district De Lorimier et porte-parole de l’opposition officielle en matière de cyclisme, qui note toutefois qu’à l’échelle métropolitaine, Montréal stagne par rapport à d’autres villes dans le monde.
En effet, si Montréal est passée du 8e rang au 20e rang en quatre ans, c’est avant tout parce que d’autres villes font mieux. Montréal a longtemps été la première ville cyclable d’Amérique du Nord, mais elle a été dépassée par Minneapolis, au Minnesota, qui gagne notamment des points pour l’entretien de son réseau cyclable en hiver.
Bien qu’elle surpasse encore Toronto, Ottawa et Boston, Montréal n’est pas assurée de rester au classement. Pour renverser la tendance, il faudra plus que les nouvelles mesures de développement du réseau cyclable montréalais annoncées par l’administration Coderre la semaine dernière, avertissent les auteurs du palmarès.
« On a très hâte de voir comment ça va se réaliser », lance Marianne Giguère qui estime qu’environ 30 % des projets de développement cyclable proposés depuis l’arrivée au pouvoir de l’équipe Coderre en 2013 n’ont pas été complétés.
« Montréal continue à impressionner, malgré sa chute au classement », peut-on lire dans la fiche de Montréal au palmarès. Le rapport note favorablement la présence de pistes cyclables protégées ainsi que l’étendue et l’achalandage du réseau cyclable montréalais qui existe depuis plus de 30 ans. La popularité du système de vélo-partage Bixi et l’existence d’une forte culture de promotion du cyclisme jouent également en faveur de la présence de Montréal au palmarès.
Le Plateau cité en exemple
Le rapport déplore par contre que « la vision brillante émanant de l’arrondissement du Plateau n’ait pas été répliquée à la grandeur de la ville ».
Les bonnes pratiques développées sur le Plateau depuis 2009 sont trop souvent ignorées par la ville-centre. À l’échelle métropolitaine, « on continue à penser la ville en fonction de la fluidité » de la circulation automobile plutôt qu’en terme de partage de la route entre les usagers et de sécurité routière, déplore Marianne Giguère.
L’administration locale manifeste au contraire une préoccupation pour la sécurité des cyclistes et des piétons, comme en témoigne l’amélioration de la signalisation routière aux abords de la piste cyclable Clark, annoncée la semaine dernière par le conseil d’arrondissement.
Marianne Giguère cite également en exemple le réaménagement sur Laurier Est qui comprend notamment des mesures d’apaisement de la circulation, le retrait d’espaces de stationnement sur rue et l’ajout de bandes cyclables de part et d’autre de la chaussée.
Ces mesures suscitent évidemment des résistances de la part des commerçants ou des résidents, reconnaît la conseillère d’arrondissement qui admet que l’administration Ferrandez a « défoncé la baraque » avec les mesures d’atténuation de la circulation mises en place durant son premier mandat.
Ces changements rapides des usages et des pratiques ont pour effet de heurter les habitudes et les sensibilités des Montréalais, mais ce sont aussi l’ensemble de ces mesures qui font du Plateau un exemple à suivre en matière de vélo urbain.
« C’est une idée qui va prendre sa place », assure Marianne Giguère qui se dit consciente que « le principal défi » de son administration est de sensibiliser la population aux effets positifs à long terme des transformations en cours sur la qualité de vie urbaine.