Écriture semi-automatique
triture mon tic-tac
Tactique pratique d’expression non censurée
pour circonscrire ma pensée raturée
conscrire entre les lignes les mots de passage obligé
penser à panser mes plaies
en toutes lettres
J’épelle mes maux de cœur à la main
retranscris l’esprit malin de mon mal à dire
jusqu’à démentir de ma bouche mes propres mensonges
Je songe lucide
placide m’éponge sur papier buvard
Bavare je bravache
me harnache et m’épanche
J’étanche ma soif altérée
mes débordements intempestifs
de tempêtes de verres d’eau de vie
Canari à la mine sans excuse je m’excave
à l’encre de mes veines de carrière éclose
j’ose la prose sans virtuosité
la poésie à petite dose sans hésiter
Mais dans une cité de murmures
des murs se dressent
Mépris de moi
honte parfois
Je me livre à toi libéré
délivré un poème à la fois
Si la vie est un combat
le vers est mon fer à cheval
le verbe mon épée d’Excalibur
et ma voix enfin mûre mon armure
Dans une armée sans drapeau sans pays sans reine ni roi
au milieu de l’arène où la parole fait foi de loi
je progresse pas à pas
À-bras-le-corps
j’apostrophe le corps du texte
cherche encore un prétexte pour une autre strophe
une dernière parabole
Frivole je glane les phrases en jachère
Au cimetière des poètes disparus je cueille et recueille
dans les micros-ouverts les cafés les rues
des Îles-de-la-Madeleine aux bars de Montréal
jusque sur le littoral du bord de mer à Rimouski
ce qu’on dit
« mais tu te dois aussi d’attendre
attendre que la vie te soit bonne »
Ce que la vie me donne je le prend
Je rend ce qu’elle me tend et je l’offre en retour
Au détour j’expose l’ombre de mes impostures
Insécure sur scène la lumière crue des projecteurs
chasse mes idées noires en coulisse
où se tapissent les angoisses de mes pages blanches
Je foule les planches et place entre vos mains la balance
pour peser le poids de ma plume l’aplomb de mes idées
J’imprime ces caractères de plomb en page frontispice
comme on dépose les armes à l’heure de l’armistice
M-e-r-c-i
Merci