La reprise ou la vente des immeubles excédentaires de la CSDM place des organismes locataires devant le défi de se relocaliser.
Ce défi s’annonce particulièrement difficile sur le Plateau où la disponibilité de locaux abordables est très limitée.
Options temporaires, solutions permanentes
L’organisme Jeunesse au Soleil, qui devra quitter l’édifice qu’il occupe sur la rue Saint-Urbain depuis près de 40 ans, est l’un des organismes affectés par cette décision qui a été mal reçue par certains locataires.
« Nous comprenons leur situation », indique pour sa part le directeur de la gestion immobilière de Jeunesse au Soleil, Ernest Rosa.
L’été dernier, la CSDM a informé l’organisme de son intention de reprendre le bâtiment pour y relocaliser des élèves de l’école FACE pendant d’importants travaux de rénovation prévus dans les prochaines années.
Ernest Rosa dit attendre des nouvelles de la Ville de Montréal et de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal qui ont offert d’aider l’organisme à se relocaliser. Établi sur le Plateau depuis 1954, Jeunesse au Soleil espère pourvoir trouver de nouveaux locaux adaptés à ses besoins et à ses capacités financières sur le territoire de l’arrondissement où il a ses racines.
Jusqu’à tout récemment, l’organisme tentait d’ailleurs de négocier l’achat de l’immeuble de la rue Saint-Urbain, mais n’avait pas réussi à s’entendre avec la CSDM qui exigeait un droit de premier refus en cas de revente de l’immeuble.
À court terme, d’ici environ 18 mois, Jeunesse au Soleil pourrait devoir louer de locaux dans divers immeubles pour combler tous ses besoins, en attendant de trouver des solutions permanentes.
La construction d’un nouvel édifice sur les terrains vacants de l’Hôtel-Dieu pourrait être une option à moyen ou long terme, mais le ministère de la Santé n’a toujours pas statué sur l’avenir du site.
La stratégie immobilière de la CSDM contestée
De l’aveu même de la CSDM, la vente d’immeubles excédentaires, dont celui qui abrite les locaux du Centre de la petite enfance (CPE) Soleil du Quartier sur la rue Saint-Joseph, est une opération immobilière qui vise notamment à financer le déménagement du centre administratif de la CSDM.
« La CSDM nous a fait parvenir les lettres comme quoi c’est officiel », soupire la directrice du CPE, établi depuis près de 30 ans dans l’édifice d’une ancienne école désaffectée dont la CSDM compte se départir d’ici quelques années.
Des démarches ont donc été entamées auprès du ministère de la Famille pour évaluer les options, incluant le financement d’une éventuelle acquisition du bâtiment par le CPE.
« Pourquoi la CSDM doit déménager? », lance rhétoriquement le député de Mercier, Amir Khadir, avant de souligner que la vétusté du siège social actuel de la commission scolaire « vient d’un problème de sous-financement chronique » du réseau de l’éducation.
« Dans le passé, la CSDM a trouvé une façon de servir la population par sa surcapacité immobilière en permettant les opérations des organismes communautaires dans ses locaux à très faibles coûts. Et dans le cas des centres d’éducation populaire, à coûts nuls en payant même certains frais », expliquait en décembre le commissaire scolaire du Plateau-Mile End, Ben Valkenburg sur sa page Facebook.
Il fait valoir que l’augmentation de la population scolaire sur le territoire de la CSDM exerce une pression sur la disponibilité des locaux qui force la CSDM à reprendre des locaux excédentaires qui étaient jusqu’ici prêtés ou loués à des organismes communautaires, comme Jeunesse au Soleil ou les Ateliers d’éducation populaire du Plateau (AEPP) qui avaient évité de justesse une éviction il y a deux ans.
Contrairement à Jeunesse au Soleil, les AEPP pourront demeurer dans leurs locaux de la rue Drolet, mais devront revoir leur usage du bâtiment qu’ils partagent avec le Centre Saint Louis (CSL), un centre de francisation de la CSDM.