Exclusif : entrevue avec Luc Ferrandez

Luc Ferrandez s’entretient avec Pamplemousse.ca le soir de l’élection, après la victoire de Valérie Plante!


Simon Van Vliet (Pamplemousse.ca) : Vous avez été maire d’arrondissement dans l’opposition pendant deux mandats. Là, la vie vient de changer pour vous?
Luc Ferrandez : Totalement.
Premièrement, j’espère que Valérie [Plante, chef de Projet Montréal et nouvelle mairesse de Montréal] va être sensible à la question budgétaire. Le PMR qui a subi de coupes de 5 millions de dollars dans les quatre premières années de Coderre, M. Coderre qui s’apprêtait à faire un autre 5 millions de dollars de coupes. C’était totalement irréaliste. C’était totalement mal juger la situation financière du Plateau Mont-Royal.
Je suis vraiment soulagé de pouvoir avoir un accès plus direct à la mairie de Montréal, de pouvoir exprimer les inquiétudes de notre administration pour le Plateau Mont-Royal.
Isabelle Ducas (La Presse) : Quel message vous pensez que les Montréalais envoient?
LF : C’est un message de rejet en même temps que c’est la découverte d’une grande politicienne. D’abord, en parlant, de la grande politicienne elle s’est avérée pas simplement souriante et joyeuse, elle s’est avérée capable de déposer des projets tous les jours, des projets qui sont cohérents entre eux, qui sont même financièrement cohérents.
On a beaucoup parlé de la ligne rose comme étant le projet extravagant, mais l’ensemble des autres projets sont extrêmement groundés sur nos valeurs, nos objectifs, notre vision de la ville. Ils sont faisables et on va aller de l’avant avec le logement abordable, le logement social, le transport en commun, l’aide — le plus grand accueil fait aux itinérants, le plus grand support donné aux itinérants, avec aussi des baisses de taxes pour certaines catégories de petits commerces, avec aussi des baisses de taxes pour les commerces en période de travaux.
Journaliste (non identifiée) : On tourne une page d’histoire, c’est la première femme mairesse de la Ville de Montréal.
LF : Et ça va faire tache d’huile. Ça va faire tache d’huile dans l’ensemble du Québec. Si Montréal peut être gérée par une femme, ça veut dire que toutes les villes du Québec peuvent être gérées par une femme. C’était le cas depuis longtemps, mais on avait besoin d’un exemple.
Isabelle Ducas : M. Coderre, à chaque fois qu’il prononçait votre nom pendant la campagne, c’était pour faire peur aux électeurs en disant Montréal va devenir un grand Plateau. Est-ce que c’est ça qui attend les Montréalais?
LF : Quel manque de jugement! Il pensait — oui Montréal va devenir un grand Plateau : on va mettre un mont Royal dans chaque quartier, plus trois stations de métro. Non. Quel manque de jugement d’avoir ramené cette insatisfaction de 2009-2010 à 2017, en prétendant que les gens du Plateau vivaient un enfer et que le reste de Montréal s’apprêtait à vivre le même. Les gens du Plateau ne vivaient sans doute pas un enfer, ils ne nous auraient pas élus avec [66 %] du vote.
Et si le Plateau était un tel problème, il n’y aurait pas eu 10 000 emplois de plus depuis que je suis là, 5000 résidents de plus, la plus haute hausse de valeurs immobilières de tout Montréal sept années consécutives, la plus haute hausse de touristes, 5 millions de touristes qui passent sur le Plateau Mont-Royal.
M. Coderre ne connaît pas sa ville.
SVV (Pamplemousse.ca) : L’opposition cherchait à au moins prendre un siège [sur le Platea], ce n’est pas ce qui semble en voie de se produire. Au contraire, vous semblez être en voie d’augmenter vos marges partout. Qu’est-ce que ça vous dit et ça va être quoi votre rapport avec cette opposition-là qui va continuer à cogner sur les mêmes clous?
LF : J’ai travaillé assez longtemps dans l’opposition pour les respecter. C’est tellement difficile. Il faut que tu étudies des dossiers à la journée longue, à la semaine longue pour espérer pouvoir avoir un peu d’influence sur 10 % d’un projet. Alors, c’est un travail énorme et je les respecte. Et on va les respecter beaucoup, beaucoup plus qu’on s’est fait respecter.
Journaliste (non identifié) : M. Ferrandez, il y a beaucoup de nouveaux élus, de nouveaux venus en politique qui vont entrer sous la bannière de Projet Montréal, entre autres sur le Plateau, qu’est-ce que vous pensez de ça? Quels nouveaux défis ça amène?
LF : C’est clair qu’il y a une courbe d’apprentissage sur un an. Il va falloir les aider à faire leur travail, mais on a ce qu’il faut, on a suffisamment de gens d’expérience pour pouvoir les aider. On est prêts à faire ^ça.
Journaliste (non identifié) : Ça peut peut-être apporter un vent de changement aussi, des jeunes dans l’équipe?
LF : Oui, oui, oui. Je pense à Josefina Blanco à Maeva Vilain, je pense au maire de Hochelaga-Maisonneuve, qui est en train de prendre la parole, Pierre Lessard-Blais, je pense à Philippe Tomlison, tous des gens intelligents. On a vraiment hâte de travailler avec eux.
Avec Lindsay-Anne Prévost.