Un résident cartographie les signalements de graffitis haineux

Dans la foulée des manifestations racistes récentes aux États-Unis, un résident du Plateau a entrepris de cartographier les graffitis haineux signalés à Montréal via la 311.

Richard Phaneuf, un résident du secteur Milton-Parc, s’est penché sur l’ensemble de données sur les demandes d’information et les demandes de services acheminées à la Ville de Montréal via le système d’appel 311, rendues disponibles via le portail de données ouvertes de Montréal.
Parmi les quelque 105 000 requêtes, plaintes et commentaires enregistrés au 311 entre janvier 2014 et mai 2017, plusieurs dizaines de demandes concernaient des graffitis haineux, a constaté Richard Phaneuf qui a créé une carte inédite des graffitis haineux signalés à Montréal.
Le Plateau sort du lot
Bien que les données montrent que des signalements ont été rapportés aux quatre coins de la ville, il semble que le Plateau soit particulièrement touché par le phénomène. Selon les données analysées par Richard Phaneuf, environ le quart des 105 graffitis haineux rapportés à Montréal l’ont été sur le Plateau.
Au total 26 requêtes ont été enregistrées dans l’arrondissement durant la période pour laquelle les données sont disponibles. Bon an mal an, le nombre de requêtes semble stable depuis 2014, mais le nombre de plaintes enregistrées en date de mai 2017 atteignait déjà le niveau de la moyenne des années précédentes.
Un portrait partiel
« Ce sont des données très partielles qui ne permettent pas d’aller au fond de la question », nuance le conseiller de ville du district Jeanne-Mance, Alex Norris, qui précisent que les graffitis haineux peuvent faire l’objet de plaintes directement à la police sans passer par le 311. « Je ne sais pas si ça donne un portrait complet », note pour sa part la conseillère d’arrondissement de Jeanne-Mance, Christine Gosselin. Elle souligne que beaucoup de demandes passent directement par le programme d’enlèvement des graffitis et ne sont donc pas non plus comptabilisées dans les données du 311.
Richard Phaneuf est bien conscient que les données sont limitées et se garde bien de s’avancer sur des pistes d’explications. « Je ne suis pas un sociologue, je suis un statisticien », explique le retraité de l’Agence de la santé et des services sociaux qui dit avant tout vouloir lancer une discussion sur le phénomène. Richard Phaneuf évoque toutefois deux hypothèses : soit les gens sur le Plateau sont moins tolérants des graffitis haineux et ont donc plus tendance à les rapporter, soit il existe « des enclaves d’intolérance » dans l’arrondissement.
Une discussion à poursuivre
En avril dernier, le conseil d’arrondissement a octroyé un contrat de près de 400 000 $ pour l’élimination des graffitis sur le domaine privé. Jusqu’à présent l’arrondissement n’a pas eu à cibler le phénomène des graffitis haineux comme une problématique particulière, indique Christine Gosselin qui ajoute que, si le besoin se faisait sentir éventuellement, les services de l’arrondissement pourraient décider de traiter l’enlèvement de ce type de graffiti comme en priorité.
« Nous sommes, comme beaucoup de monde, fortement préoccupés par la montée de l’extrême droite », lance Alex Norris, qui évoque tant les mouvements en plein essor aux États-Unis ou en Europe, que ceux qui prennent racine chez nous. Si l’élu incite à ne pas sauter aux conclusions en s’appuyant sur les données du 311, il salue toutefois l’initiative de Richard Phaneuf qui « peut ouvrir une discussion intéressante » et qui représente un exemple innovateur d’utilisation des données ouvertes.