Passages à niveau : la réponse du CP ne convainc pas

La réponse du Canadien Pacifique aux demandes répétées de création de passages à niveau entre le Mile End et La Petite-Patrie a été mal reçue.

Dans une pleine page publicitaire, publiée notamment dans Le Devoir de mercredi (16 août), le Canadien Pacifique (CP) semble répondre indirectement à une lettre ouverte publiée la semaine dernière dans plusieurs quotidiens nationaux invitant le premier ministre Justin Trudeau à intervenir directement dans le dossier des passages à niveau.
Des années de démarches sans résultat
La lettre signée par le maire d’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, et plusieurs dirigeants d’entreprises établies dans le secteur Saint-Viateur Est souligne qu’un « refus de collaboration du CP » bloque le projet de création d’un passage à niveau dans l’axe de la rue Henri-Julien depuis plus de 5 ans.
Les démarches de médiation entamées par la Ville en 2013 devaient être portées en arbitrage cette année, mais l’aboutissement de ce processus pourrait être encore retardé en raison d’un nouvel imbroglio administratif. Bien qu’il espère voir le dossier se retrouver finalement devant l’Office des transports du Canada, le conseiller de Ville du Mile End, Richard Ryan, martèle depuis longtemps que seule « une action politique » à l’échelle fédérale pourrait débloquer le dossier à court terme.
Le CP ferme la porte

Dans sa publicité publiée mercredi, le président et chef de la direction du CP, Keith Creel, affirme avoir offert à la Ville de Montréal « son entière collaboration en ce qui concerne la construction de passages dénivelés » et estime que c’est la Ville qui bloque le dossier en persistant dans sa volonté de voir le CP procéder à « la construction de passages à niveaux dangereux ».
Réagissant à ce qu’elle qualifie d’opération de relations publiques, la conseillère d’arrondissement du district Jeanne-Mance et mairesse suppléante du Plateau-Mont-Royal, Christine Gosselin, déplore que le CP préfère faire « de la gestion d’image » plutôt que de répondre aux demandes légitimes de désenclavement d’un secteur qui est (re) devenu un pôle d’emploi majeur dans la dernière décennie.
Une solution impraticable
« Le CP tente de sauver la face, mais montre son vrai visage », dénonce la conseillère. Elle estime que la lettre de Keith Creel vient souligner à nouveau le « manque de volonté » de l’entreprise ferroviaire à s’entendre avec la Ville de Montréal dans ce dossier.
« Des passages dénivelés, ce n’est pas la solution », insiste Christine Gosselin qui précise qu’il s’agit de la solution la moins pratique pour les piétons et les cyclistes, la plus coûteuse et la plus complexe du point de vue de l’aménagement étant donné qu’elle requerrait la construction de nouvelles infrastructures qui empiéteraient sur les projets de développement aux abords de la voie ferrée.
La mairesse suppléante souligne par ailleurs que les données sur les incidents liés aux intrusions sur les voies ferrées invoquées par le CP pour justifier ce nouveau refus d’envisager des passages à niveau « n’ont rien à voir avec la réalité montréalaise ». Elle rappelle que la création de passages à niveau est réclamée à l’unisson par l’ensemble des acteurs politiques du Plateau et Rosemont — La Petite-Patrie à tous les niveaux.
Une nouvelle campagne pour forcer la main du CP
Deux mois après le rejet du projet de loi déposé par la députée néodémocrate de Laurier-Sainte-Marie, Hélène Laverdière, et appuyé par le député de Rosemont, Alexandre Boulerice, une nouvelle pétition a été lancée aujourd’hui pour demander au ministre fédéral des Transports de forcer le jeu pour la création de passages à niveau.
L’instigateur de la pétition, Félix Gravel, estime qu’il est grand temps de « revoir la loi sur les compagnies ferroviaires » afin que celles-ci ne puissent plus refuser les demandes de municipalités qui souhaitent faire aménager des traverses balisées et sécurisées. En l’absence de passages à niveau formels, de nombreux passages informels sont aménagés clandestinement pour éviter aux usagers du transport actif de longs détours.