Le projet de règlement sur l’interdiction des mezzanines a fait l’objet de vives critiques lors de l’assemblée publique tenue le 29 août.
Plus d’une centaine d’architectes en pratique privée et de propriétaires résidentiels du Plateau opposés au projet de règlement ont assisté à la présentation par l’arrondissement des révisions proposées aux critères d’évaluation des projets de construction avec mezzanines.
La discussion d’environ deux heures qui s’en est suivie a été une succession d’échanges constructifs et de commentaires critiques, marquée par quelques de moments chaotiques et quelques envolées intempestives du maire d’arrondissement, Luc Ferrrandez, qui a défendu bec et ongles les modifications règlementaires proposées.
La dérogation comme nouvelle règle?
Les opposants au projet de règlement, qui doit passer en seconde lecture lors du conseil de mardi prochain, reprochent à l’arrondissement de forcer tous les nouveaux projets de construction de mezzanines sur les toits à passer par un processus long, complexe et coûteux à l’issue est incertaine.
Pour plusieurs familles de propriétaires occupants d’immeubles résidentiels, les nouvelles règles proposées rendraient très difficile, voire impossible, la réalisation d’un projet d’agrandissement par mezzanine qui leur permettrait de demeurer confortablement sur le Plateau. La construction de mezzanines représente « une bonne façon de retenir les familles », insiste l’architecte Owen Rose, sous les applaudissements enthousiastes de l’assemblée. L’ancien vice-président du Comité consultatif d’urbanisme (CCU) précise que l’agrandissement de logements par l’ajout de mezzanines est une forme de « densité douce » particulièrement intéressante compte tenu des contraintes d’espace existantes dans le cadre urbanistique et architectural du Plateau.
Resserrer l’encadrement
L’arrondissement se défend de vouloir empêcher la construction de mezzanines, mais estime que le changement règlementaire, qui prévoit notamment soumettre les projets à un processus d’évaluation qualitative globale plutôt qu’à une évaluation normative limitée à l’insertion architecturale, est nécessaire afin de mieux encadrer l’intégration harmonieuse des mezzanines au cadre bâti déjà très dense et au patrimoine architectural bigarré du Plateau.
« Le but n’était pas d’interdire les mezzanines, mais plutôt de les encadrer pour mieux les permettre », insiste la conseillère d’arrondissement du Mile End et présidente du CCU, Marie Plourde. Le chef de la division de l’urbanisme à l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Michaël Tremblay, indique pour sa part que s’« il y a des mezzanines qui sont des trésors, il y en a d’autres qui sont des désastres », et que le processus actuel ne permet pas de trier le bon grain de l’ivraie.
S’il reconnait que l’interdiction des mezzanines de plein droit est une solution drastique et que l’absence de critères normatifs d’évaluation des projets sous la règlementation proposée présente « un risque de dérapage », le maire Ferrandez estime qu’il n’existe à l’heure actuelle « aucun outil règlementaire » qui permet à l’arrondissement de refuser des projets dont la qualité architecturale est douteuse ou dont les impacts sur l’environnement urbain sont trop importants.
À lire la semaine prochaine : Le débat sur les mezzanines n’est pas clos