Minorités (in)visibles et diversité artistique à Montréal

Alors qu’environ le tiers de la population du Plateau est issue de l’immigration, les minorités sont sous-représentées dans le secteur culturel.

Cette sous-représentation de la diversité montréalaise, Jérôme Pruneau la constate « à toutes les échelles » depuis qu’il a pris la tête de Diversité artistique Montréal (DAM), il y a 4 ans. Le tollé suscité par l’homogénéité d’une vidéo promotionnelle du 375e anniversaire de Montréal rendue publique cette semaine ne le surprend donc pas outre mesure.
Racisme systémique
Il y voit plutôt l’expression d’un racisme systémique bien ancré dans la société québécoise, et ce, en dépit « des bonnes volontés de tout un chacun ». Le directeur de DAM insiste d’ailleurs sur la nécessité d’attaquer « le problème à la racine » en mettant sur pied une commission sur le racisme systémique.
« Je suis convaincu que le problème de fond, il est là », avance Jérôme Pruneau qui a signé l’an dernier un essai coup de poing dans lequel il dénonce un réflexe ethnocentrique, blanc et francophone, qui place un large pan de la communauté artistique en marge des circuits de création, de production et de diffusion culturelle.
Diversité culturelle ou culture de la diversité?

Dix ans après la fondation de DAM, force est de constater que les artistes issus des communautés culturelles minoritaires peinent toujours à faire leur place sur les scènes et les écrans québécois. Même dans des quartiers historiquement multiethniques comme le Mile-End, les succès d’artistes issus de l’immigration, comme celui de la regrettée Lhasa de Sela, sont encore l’exception qui confirme la règle.
Selon Jérôme Pruneau, « il y a des façons de faire, des réflexes » qui entretiennent la surreprésentation des blancs francophones et la sous-représentation des minorités, en particulier à la télévision. « Développons une culture de la diversité », plaide-t-il, en soulignant que la prise de conscience du privilège blanc est la première étape.