Stationnement sur rue : qui doit payer?

La question des vignettes de stationnement sur le Plateau a fait couler beaucoup d’encre depuis l’introduction d’une nouvelle vignette dans le Petit Laurier au printemps.

À la fin juillet, le maire de Montréal, Denis Coderre, s’est mêlé du dossier. Le maire Coderre a d’abord donné son appui aux citoyens du Petit Laurier qui exigent l’abrogation de la vignette 151. Puis, il a annoncé qu’il envisage de centraliser la gestion de vignettes aux arrondissements dans le cadre de la nouvelle politique de stationnement de la Ville de Montréal.
L’arrondissement du Plateau-Mont-Royal entend maintenir la tarification du stationnement sur rue. Lors du dernier conseil d’arrondissement, en juillet, les élus ont réitéré leur volonté d’aller de l’avant avec ces mesures qui s’inscrivent dans un plan plus large d’apaisement de la circulation.
Selon les données de l’enquête Origine-Destination de 2008 (O-D 2008), la part du lion des quelques 500 000 déplacements automobiles quotidiens sur le Plateau, soit environ 40 %, sont des déplacements liés au retour à la maison. Le magasinage représente quant à lui moins de 10 % des déplacements dans l’arrondissement, ce qui tend à contredire l’argument selon lequel les mesures d’apaisement de la circulation serait l’une des causes principales des problèmes de développement commercial dans l’arrondissement. Enfin, les déplacements motivés par le travail ne représentent qu’un cinquième du total des déplacements automobiles quotidiens sur le Plateau.
Toujours selon l’enquête O-D 2008, plus de la moitié des ménages du Plateau ne disposent pas d’automobile et à peine un résident sur trois possède une automobile personnelle. Les élus de l’arrondissement estiment donc qu’il est juste d’exiger des automobilistes qu’ils assument une plus grande part des coûts liés à l’usage de la voiture en ville et en particulier du stationnement.
Le vrai coût du stationnement
À peine introduite, la nouvelle vignette mensuelle pour les visiteurs a cependant fait l’objet d’un feu nourri de critiques. Plusieurs travailleurs se plaignent de devoir débourser 1 200 $ par année pour se stationner à proximité de leur lieu de travail.
En réponse aux critiques, la conseillère Christine Gosselin a publié le 22 juillet un message Facebook soulignant qu’il en coûte deux fois plus cher de stationner dans certains stationnements de surface privés du Plateau.
Le tarif exigé par l’arrondissement pour le stationnement sur le domaine public se compare donc plutôt favorablement au prix du stationnement sur le marché privé. À titre de comparaison, une enquête réalisée par l’agence QMI en 2009 révélait que le coût du stationnement privé au centre-ville de Montréal variait entre 180 $ et 660 $ par mois.
Une étude du Victoria Transportation Institute, citée par la Conférence régionale de l’environnement (CRÉ) de Montréal dans son guide sur le stationnement comme outil de gestion de la mobilité et de l’aménagement durables, établit les coûts réels d’une place de stationnement sur rue à un peu plus de 100 $ par mois en ville et à près de 250 $ par mois au centre-ville. La CRÉ estime de plus que chaque véhicule engendre entre 177 $ et 2100 $ de coûts par mois pour le stationnement sur le domaine public.
Selon les résultats détaillés de l’enquête origine-destination de 2008, on dénombrait un peu plus de 32 000 autos sur le Plateau. Le stationnement de ces véhicules sur le domaine public représenterait ainsi au moins de 5 millions de dollars par mois de coûts assumés par la collectivité.
« Le stationnement gratuit est une illusion, car chaque case de stationnement qu’elle soit sur rue ou hors rue, de surface ou en ouvrage (c’est-à-dire en stationnement étagé ou en stationnement souterrain), en ville ou en banlieue, chez soi ou à l’extérieur, a bien souvent un coût important », peut-on lire dans le document de la CRÉ.
Les élus du Plateau affirment que leurs politiques de tarification du stationnement sur rue visent à répartir de façon plus équitable les coûts entre les contribuables et les propriétaires d’automobiles. Cette approche est cependant loin de faire l’unanimité sur le Plateau.