Front commun contre AirBnb

À défaut d’un encadrement adéquat, les comités logement du Plateau et de la Petite-Patrie prônent l’interdiction d’AirBnb.

Réunis en conférence de presse mardi matin pour le dévoilement d’une étude inédite sur les impacts d’AirBnb, les deux comités de défense de locataires ont pris position contre la plateforme de location de logements touristiques dont la multiplication tend à exercer une pression à la hausse sur les loyers, à augmenter les nuisances dans le voisinage immédiat des logements loués régulièrement sur AirBnb et à réduire le nombre de logements disponibles sur le marché locatif régulier.
Encadrement défaillant
La loi 67, adoptée il y a près d’un an par le gouvernement du Québec pour encadrer les pratiques de location touristique, n’a que très peu d’effet pour limiter ces impacts négatifs pour les locataires.
« Il y a des immenses lacunes », déplore l’organisateur communautaire du Comité logement du Plateau Mont-Royal (CLPMR), Philippe Desmarais, qui pointe notamment du doigt les problèmes de coordination et de communication entre les différents paliers de gouvernement impliqués dans le dossier.
Évictions frauduleuses
La conversion de logements locatifs en logements touristiques, légaux ou illégaux, contribue par ailleurs à aggraver le problème des reprises et des évictions, déjà aigu sur le Plateau.
« On est beaucoup sollicités par ce phénomène-là », soutient la coordonnatrice du CLPMR, Carole Boucher.
Une locataire, qui a témoigné dans l’anonymat pour éviter les représailles de son propriétaire, affirme par exemple avoir fait l’objet de menaces de poursuite alors qu’elle contestait une demande de reprise pour agrandissement visant plusieurs logements de son immeuble. Quelques années plus tôt, la même raison avait été invoquée par le propriétaire pour évincer les locataires d’un immeuble voisin.
« Dans les deux cas, c’est ce qu’ils ont dit. Dans les deux cas, ça n’a pas été fait », soutient la locataire qui a obtenu gain de cause devant la Régie du logement. La locataire a notamment démontré à la Régie que le propriétaire n’avait jamais procédé aux travaux d’agrandissement dans l’immeuble voisin et qu’il avait remis au moins l’un des logements repris en location sur AirBnb.