Forcer à quitter : exercice de prose renversée

Pour le plaisir de l’expérimentation poétique, je me suis adonné à un exercice de prose renversée inspiré de la démarche proposée par Catherine Godin dans « Un jardin d’étonnement » (Revue Possibles, Vol. 47 No 2, 2023).

Commençons pas le poème original en prose :

le signal passe encore sur le fil d’Ariane auquel tient sa vie dans toutes ses fibres optiques la tension palpable comme une erreur critique son processeur surchauffe à restaurer des paquets de sauvegardes corrompues mise à jour nécessaire reformater en mode débogage retour à la configuration d’usine système d’exploitation incompatible conflit de versions avec le code source contacter votre administrateur mot de passe perdu réseau introuvable tape dans le terminal en ligne de commande forcer à quitter

Après l’exercice de renversement vertical, on obtient le poème en vers suivant :

Ariane tape de force

dans le terminal

un réseau de mots dépassés

sans contact

des conflits de version

exploitent son système

de retour à ses lignes défragmentées

elle se remet à jour

son processeur

restaure des sauvegardes

sous tension palpable

dans toutes ses fibres

le signal

défile la vie qu’elle tient

ses erreurs critiques

corrompent

des paquets de données

nécessaires

en surchauffe

son mode débogue

des configurations d’usine

incompatibles avec son code source

elle cherche l’administrateur perdu

l’introuvable commande

quitter

Après le renversement horizontal, on obtient le poème suivant :

elle quitte de force

ses commandes en ligne

dans le terminal tapé

introuvable du réseau

elle se passe de mots perdus

administre ses contacts

décode la source de ses conflits de versions

son incompatible système exploité

configure des usine à retours

elle débogue et reformate

la mode mise à jour

corrompt les sauvegardes nécessaires

son processeur de paquets

restaure une erreur surchauffée

palpable comme la tension critique

dans ses fibres optique

Ariane passe encore sa vie

sur le fil du signal

Conclusion : à partir d’une strophe en prose j’obtiens deux poèmes aux significations et aux structures complètement différentes!