Hôtel-Dieu : le milieu reste sur sa faim

Québec a annoncé que l’ancien Institut des sourdes-muettes et l’Hôtel-Dieu ne sont plus considérés comme des bâtiments excédentaires.

Depuis plusieurs mois, la Coalition Sauvons l’Hôtel-Dieu demandait au gouvernement que le bâtiment patrimonial demeure dans le domaine public. La semaine dernière, le député de Mercier, interpellait Québec afin de surseoir à la vente d’un autre bâtiment excédentaire sur Saint-Denis.
Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, et le ministre des Transports et ministre responsable de la région de Montréal, Robert Poëti, ont fait le point vendredi sur l’avenir des immeubles hospitaliers excédentaires du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).
« Les consultations menées ont permis au gouvernement et à la Ville de Montréal de bien saisir l’ensemble des préoccupations exprimées par le milieu. Les projets de l’Hôtel-Dieu et de l’Université McGill généreront des bénéfices multiples. La santé publique, la communauté universitaire, les Montréalaises et les Montréalais pourront tous, d’une façon ou d’une autre, profiter des nouvelles vocations de ces immeubles », a déclaré le ministre Barrette par voie de communiqué.
« Le projet de l’Université McGill et celui de l’Hôtel-Dieu représentent des occasions exceptionnelles de revitalisation urbaine. Notre gouvernement consolide ainsi les pôles de savoir et de rayonnement international de notre métropole. Nous agissons de cette façon en faveur de la collectivité et du développement de Montréal », a pour sa part ajouté le ministre Poëti.
Rien pour le logement social?
La Coalition Sauvons l’Hôtel-Dieu, qui regroupe des syndicats du milieu de la santé affiliées à la Centrale des syndicats nationaux (CSN) et des organismes communautaires, accueille cette annonce avec peu d’enthousiasme.
« Depuis le début, notre coalition demande au gouvernement de maintenir une vocation santé dans le réseau public et de développer des logements sociaux. Les besoins sont là et nous devons utiliser les équipements de l’Hôtel-Dieu pour consolider le réseau public de santé montréalais et non pas pour accentuer le privé. Les espaces libérés doivent aussi servir à régler l’enjeu du logement à Montréal. Malheureusement, l’annonce du ministre Barrette ne répond à aucune de ces deux préoccupations », a déclaré lundi Jean Lacharité, vice-président de la CSN, par voie de communiqué.
« Avec cette annonce, le gouvernement Couillard démontre une fois de plus qu’il n’écoute personne et qu’il agit pour démanteler à petit feu nos services publics. L’avenir de l’Hôtel-Dieu est une occasion en or pour régler des problèmes majeurs pour la population. Plutôt que d’agir en ce sens, il veut accentuer le privé en santé. L’Hôtel-Dieu de Montréal, on l’a, on le garde! », a lancé de son côté Sébastien Rivard, du Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal.
« C’est déjà une mini-victoire », concède la coordonnatrice du Comité logement du Plateau-Mont-Royal (CLMPR), Carole Boucher, qui se réjouit à tout le moins de savoir que les bâtiments ne seront pas vendus à des promoteurs immobiliers. Elle déplore cependant le manque d’écoute du gouvernement libéral qui impose des compressions budgétaires dans tous les programmes sociaux, notamment dans le financement du logement social.
Or, il y a un énorme problème de logement dans le sud du Plateau, note Lucia Kowaluk de la coalition Milton-Parc. « Il y a beaucoup, beaucoup de besoins », ajoute la militante qui précise que la création d’un pôle de logement et d’activité communautaire et culturelle autour de l’Hôtel-Dieu aiderait à relancer l’économie locale qui périclite.
« Il n’y a pas de miracle, il faut une volonté », lance en terminant la coordonnatrice du CLPMR qui souligne que le travail de mobilisation est loin d’être terminé dans ce dossier.

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