Des voies réservées partagées entre autobus et vélos?

Aussitôt évoquée, l’idée de créer des voies réservées partagées entre autobus et cyclistes a été vivement critiquée.

Selon des informations rendues publiques cette semaine, l’administration Coderre et la Société de transport de Montréal envisageraient aménager des voies réservées sur plusieurs artères du Plateau dont Saint-Laurent, Sherbrooke, Saint-Denis, Papineau et De Lorimier.
Des conflits d’usage à anticiper
« Ça va créer des conflits entre les usagers de la mobilité durable », s’inquiète le responsable des campagnes transport, GES et aménagement du territoire au Conseil régional de l’environnement de Montréal, Félix Gravel, qui fait écho aux réserves formulées par le syndicat des chauffeurs de la STM.
Dans bien des cas, la largeur des emprises de voies réservées ne permettrait pas, selon lui, aux autobus de dépasser les cyclistes en respectant la distance de dépassement d’un mètre imposée récemment par des modifications au Code de la sécurité routière.
Il estime que les voies réservées sont « nécessaires » pour favoriser le développement du transport en commun, mais que si la cohabitation vélo-autobus dans de telles voies n’est « pas impensable mur à mur », la configuration des artères visées, combinée à la vitesse et au volume de circulation élevé y créent un climat particulièrement dangereux pour les cyclistes.
Des occasions manquées?
« On refait les artères l’une après l’autre », note le porte-parole de la Coalition Vélo Montréa, Daniel Lambert. Or, si trois des principales artères du Plateau, le boulevard Saint-Laurent, l’avenue du Parc et la rue Saint-Denis, ont fait l’objet de réfection majeure au cours des dix dernières années, aucune n’a été réaménagée pour assurer une cohabitation sécuritaire entre cyclistes et véhicules motorisés, fait-il remarquer.
« On est en train de perdre des occasions », déplore également la présidente-directrice générale de Vélo Québec, Suzanne Lareau.
Si elle avait été planifiée en amont des chantiers, la sécurisation de ces artères se serait réalisée « à coût quasi nul », fait valoir Félix Gravel qui souligne qu’à défaut d’avoir repensé ces artères en fonction du principe de rue complète, « on risque d’attendre des accidents pour après corriger le tir ponctuellement et partiellement ».